sâmbătă, 18 aprilie 2020

BENJAMIN FONDANE /.B.FUNDOIANU (Iasi, 1898 - Auschwitz,1944 (la 45 de ani)

Benjamin Fondane

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Benjamin Fondane
Description de cette image, également commentée ci-après
Fondane autour de 1915
Nom de naissanceBenjamin Wechsler (ou Wexler)
AliasB. Fundoianu
Naissance
IașiDrapeau de la Roumanie Roumanie
Décès (à 45 ans)
Auschwitz (Pologne),
Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Activité principalePhilosophepoètedramaturgeessayistecinéaste
Auteur
Langue d’écriturefrançais principalement
Benjamin Fondane, alias B. Fundoianu, né Benjamin Wechsler (ou Wexler) le  à Iași en Roumanie et mort le 2 ou le  dans une chambre à gaz du camp d'extermination d'Auschwitz, est un philosophe, poète, dramaturge, essayiste, critique littéraire, réalisateur de cinéma et traducteur juif athée roumain, naturalisé français en 1938, principalement d'expression française.
Biographie

Famille

Fils d’Isaac Wechsler et d’Adela Schwarzfeld, Benjamin Wechsler était le cadet de la famille. Il avait une sœur aînée, Line, et une sœur puînée, Rodica.
Son père était un commerçant dont les parents étaient originaires de Hertza, bourgade située dans le nord de la Moldavie.
Sa mère appartenait à une éminente famille d’intellectuels juifs dont le père, Benjamin Schwarzfeld, originaire de Galicie, pédagogue et hébraïsant, créa la première école juive à Iași. Les frères d’Adela, Elias, Moses et Wilhelm, étaient des érudits réputés. Elias Schwarzfeld écrivit une Histoire des Juifs de Roumanie2.
Il épouse Geneviève Tissier le 28 juillet 1931.

Carrière

Il publie de la poésie dès son plus jeune âge et prend, vers 1913, le nom de plume B. Fundoianu, du toponyme roumain Fundoaia. En 1918, il est l'auteur du drame Tăgăduința lui Petru (Le Reniement de Pierre), courte pièce de théâtre parue aux Éditions Chemarea. Après la fin de ses études secondaires à Iași, il part pour Bucarest et devient le centre d'un groupe d'avant-garde qui inclut Marcel JancoMax Hermann MaxyIosif RossSașa PanăIon VineaȘtefan Roll et Ilarie Voronca. Il publie dans d'importants périodiques, toujours sous le nom de B. Fundoianu, et fonde brièvement en 1921-1922 une troupe théâtrale, Insula (L’Île), influencée par les conceptions de Jacques Copeau.
Il arrive à Paris en 1923 où il devient Benjamin Fondane, ajoutant la culture française à ses racines roumaines et hébraïques. C'est à Paris qu'il écrit sa première œuvre en français, Exercice de français, publiée en 1925. Il rencontre Tristan Tzara, qu'il interviewe ; il adhère lui-même au mouvement surréaliste, ainsi qu'au sous-groupe d'Arthur Adamov, et publie de nouveaux poèmes tel À Madame Sonia Delaunay, partie d'un projet inachevé intitulé Ulysse 1927.
En 1924, il rencontre chez Jules de Gaultier le philosophe russe Léon Chestov, qui sera la rencontre la plus déterminante de sa vie : les deux hommes se lient d'une amitié forte, et Chestov deviendra le maître de Fondane en philosophie. Fondane écrit alors, notamment dans les Cahiers du Sud, sur Martin HeideggerEdmund HusserlFriedrich NietzscheSøren KierkegaardSigmund FreudStéphane Lupasco… et bien sûr, il contribue largement à faire valoir la pensée de Chestov en France. En 1939, il confiera à Victoria Ocampo une copie de son manuscrit Rencontres avec Léon Chestov, qui ne sera publié que bien après sa mort.
En 1933, il travaille avec Dimitri Kirsanoff à un film expérimental Rapt, libre adaptation du roman de Charles Ferdinand Ramuz La séparation des races. En 1936, il écrit et réalise le film Tararira en Argentine. Sur le bateau du retour, il se lie d'amitié avec le catholique néo-thomiste Jacques Maritain.
Durant les années 1930, Fondane se trouve au cœur de la vie intellectuelle française. Pour cet ardent polémiste, la pensée se définissait comme une lutte, comme pour Chestov, qui tient que la philosophie n'était pas une connaissance mais une lutte acharnée à la mort pour la Liberté. C'est dans cet esprit que Fondane suscita un débat en 1936 sur l'interprétation de Kierkegaard en France. Il visait plus particulièrement Denis de RougemontRachel Bespaloff ainsi que Jean Wahl.
En 1938, à la mort de Chestov, Fondane est connu comme étant son disciple et est reconnu comme philosophe.
En 1940, Fondane est engagé lors de l'invasion nazie en France. Fait prisonnier, il s'évade, est repris et il est hospitalisé au Val-de-Grâce pour une appendicectomie. Après avoir regagné son domicile, il travaille à son projet Ulysse et à divers essais.
En mars 1944, il est arrêté par la police de Vichy. Ses amis parviennent à obtenir sa libération mais Benjamin Fondane décide de ne pas abandonner sa sœur Line. Il est envoyé au camp de Drancy, puis déporté à Auschwitz par le convoi 75 du 30 mai au départ de la gare de Bobigny3.

Son œuvre

RESTITUTIO FONDANE.jpg
L'œuvre de Benjamin Fondane est marquée par la multiplicité des formes d'expression : poésie (ses œuvres poétiques sont rassemblées sous le titre général : Le mal des fantômes, Verdier Poche, 2006), théâtre (Le Festin de BalthazarPhiloctète), philosophie (en particulier La Conscience malheureuse, 1936; rééd. Verdier, 2013), critique de cinéma (Écrits pour le cinéma, Verdier Poche, 2007), réalisation cinématographique (Tararira, 1936), essais d'esthétique et de poétique (Faux Traité d'esthétique, 1938, rééd. Paris Méditerranée, 1998), essais sur la littérature (Charles Baudelaire et l'expérience du gouffre, 1947; rééd. Complexe, 1994).
Polémiste redoutable, notamment dans ses Chroniques de la philosophie vivante, qu'il publie aux Cahiers du Sud tout au long des années trente, Fondane définit ses positions dans un espace agonistique de lutte et d'oppositions (Contre HegelHeideggerJean WahlEdmund HusserlPaul ValéryAndré Breton…).
Il publie dans de nombreuses petites revues qui assurent la diffusion efficace de ses positions contre le surréalisme de Breton, contre la poétique de Paul Valéry, contre le discours autobiographique d'André Gide, contre l'hégélianisme ou la phénoménologie husserlienne. Cette polyvalence transdisciplinaire recouvre en réalité une remarquable cohérence philosophique de l'œuvre. Il écrivit la première partie de son œuvre poétique et critique, déjà considérable, en roumain, puis adopta le français à partir de 1924 après son arrivée à Paris.
Si sa poésie roumaine se détache rapidement des influences symbolistes de sa jeunesse pour évoluer vers un style plus expressionniste, elle fut marquée par la traversée des avant-gardes, aux frontières du dadaïsme et du surréalisme, avant de se transformer en une poésie existentielle, chargée d'attester avec force l'errance du poète dans le flux perpétuel d'un monde naufragé, solidaire des émigrants juifs. La révolte ou l'irrésignation se trouve au cœur de cette œuvre, marquée par l'obsession du désastre d'une civilisation capable de transformer les individus en fantômes de l'histoire.
L'œuvre de Fondane, fortement imprégnée de la philosophie de la tragédie de Léon Chestov, exprime toujours une révolte contre la « finitude » humaine et une attestation véhémente de l'existence individuelle, menacée par la finitude, l'exil, le mépris, le rationalisme abstrait et déréalisant, la violence de l'histoire. Son combat contre un certain rationalisme destructeur, son refus de toute aliénation idéologique, morale, politique de la poésie, son cri en faveur d'un Dieu absent réclamé devant le désastre, rendent son œuvre particulièrement significative pour le lecteur contemporain.
Le 21 juin 1968, l'épouse et la fille de Claude Sernet ont fait don à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet de manuscrits et d'œuvres de Benjamin Fondane qui étaient en leur possession.

Citations

Plaque commémorative sur l'immeuble où vécut Fondane, rue Rollin.
Un jour viendra, sans doute, quand le poème lu
se trouvera devant vos yeux. Il ne demande
rien! Oubliez-le, oubliez-le! Ce n’est
qu’un cri, qu’on ne peut pas mettre dans un poème
parfait, avais-je donc le temps de le finir?
Mais quand vous foulerez ce bouquet d’orties
qui avait été moi, dans un autre siècle,
en une histoire qui vous sera périmée,
souvenez-vous seulement que j’étais innocent
et que, tout comme vous, mortels de ce jour-là,
j’avais eu, moi aussi, un visage marqué
par la colère, par la pitié et la joie,
un visage d’homme, tout simplement!
(1942)
Benjamin Fondane - Préface en prose, extrait de L'Exode (Super flumina Babylonis), publié dans l’anthologie Le mal de fantômes, Paris, Éditions Verdier, 2006, p. 153.

Œuvres

Rééditions et anthologies

  • Baudelaire et l’expérience du gouffre, avec une préface de Jean Cassou, Paris, Pierre Seghers, 1947 ; rééd. Paris, Seghers, coll. « L'archipel », 1972 ; rééd. avec une préface de Patrice Beray, Bruxelles, éditions Complexe, 1994.
  • L'Exode, préface de Claude Sernet, Veilhes, La Fenêtre ardente, 1965.
  • Michel Carassou (éd), Non Lieu, Benjamin Fondane, Paris, Au temps du poème, 1978.
  • Le lundi existentiel, Paris, éditions du Rocher, 1990
  • Brancusi (1929), Paris, Fata Morgana, 1995.
  • Le Voyageur n’a pas fini de voyager, Paris-Méditerranée & L'Ether Vague-Patrice Thierry éditeur, 1996, 
  • Faux-traité d’esthétique, Paris-Méditerranée, 1998.
  • L'être et la connaissance: Essai sur Lupasco, Paris-Méditerranée, 1998, 
  • Rencontres avec Léon Chestov, Arcane 17, 1996,  (Rencontre avec L. Chestov en ligne)
  • L’Écrivain devant la révolution, Discours non prononcé au congrès international des écrivains de Paris (1935), Préface de Louis Janover, Paris, Paris Méditerranée, 1997.
  • Fondane-Fundoianu et l’avant-garde, (textes réunis par Michel Carassou, Petre Raileanu) Paris, Fondation Culturelle Roumaine et Paris Méditerranée, 1999.
  • Au seuil de l'Inde, Fata Morgana, coll. « Hermès », 1994, (ISBN 2851940988)
  • Le mal des fantômes(poésie), Paris-Méditerranée & L'Ether Vague-Patrice Thierry éditeur, 1996 ; rééd. établie par Patrice Beray et Michel Carassou, avec la collaboration de Monique Jutrin, liminaire de Henri Meschonnic, Paris, Verdier Poche, 2006 
  • Images et Livres de France, traduit du roumain par Odile Serre, introduction de Monique Jutrin, Paris-Méditerranée, 2002.
  • Écrits pour le cinéma, Verdier Poche, 2007.
  • Entre Jérusalem et Athènes. Benjamin Fondane à la recherche du judaïsme, Paris/Les Plans-sur-Bex (Suisse), Parole et Silence, 2009. Textes réunis par Monique Jutrin.
  • Rimbaud le voyou, préface de Michel Carassou, Paris, Éditions Non Lieu, 2010.
  • Poèmes d’autrefois. Le Reniement de Pierre, Le Temps qu’il fait, 2010. Textes traduits par Odile Serre, postface de Monique Jutrin.
  • Théâtre complet, édition établie par Eric Freedman, Paris, Éditions non Lieu, 2012.
  • La Conscience malheureuse, nouvelle édition établie par Olivier Salazar-Ferrer, Verdier, 2013, coll. « Philosophie », 
  • Paysages, Bazas, Le Temps qu'il fait, 2013, 
  • Entre philosophie et littérature, textes réunis par Monique Jutrin, Paris/Les Plans-sur-Bex (Suisse), Parole et silence, 2015.

Notes et références

  1.  Claudine Cardon-Hamet, « La "sélection" pour la chambre à gaz du poète Benjamin Fondane (Témoignage d'André Montagne, 45912) » [archive], sur politique-auschwitz.blogspot.com (consulté le 10 août 2018) : Je vois encore Fondane sortir du block, passer très droit devant les SS, fermant le col de sa veste pour se protéger du froid et de la pluie, monter dans le camion. L'un après l'autre, les camions lourdement chargés s'ébranlèrent vers Birkenau. Deux heures plus tard, nos camarades étaient morts gazés.

Bibliographie

Ouvrages
  • Monique Jutrin, Benjamin Fondane ou le périple d'Ulysse, Nizet, 1989.
  • Jean LescureBenjamin Fondane, Le gouffre et le mur suivi de Quoi ? L’éternité et de Monique Jutrin, Un entretien avec Jean Lescure, Marchainville, Éditions Proverbe, 1999, (ISBN 2908455331).
  • Rencontres autour de Benjamin Fondane poète et philosophe. (Actes du colloque de Royaumont, avril 1999), Éditions Parole et silence, 2002.
  • Patrice Beray et Michel Carassou, Benjamin Fondane, le voyageur n’a pas fini de voyager, Lagrasse, Verdier, coll. « L’Éther vague », 2002 [1966].
  • Jad HatemSoleil de nuit. Rilke, Fondane, StétiéTuéni, Paris, IDlivre, 2002.
  • Olivier Salazar-Ferrer, Benjamin Fondane, Paris, Éditions Oxus, coll. « Les Roumains de Paris », 2004.
  • Jad HatemSemer le Messie selon Fondane poète, Bruxelles, Éditions La Part de l'œil, 2004.
  • Patrice Beray, Benjamin Fondane au temps du poème, Lagrasse, Verdier & Les Amis de L'Éther Vague, 2006.
  • (en) Ramona Fotiade (ed.), The Tragic Discourse. Lev Shestov and Benjamin Fondane’s Existential Thought, London/New York: Peter Lang, 2006.
  • Olivier Salazar-Ferrer, Benjamin Fondane et la révolte existentielle [archive], Paris, Éditions Corlevour, 2007.
  • Benjamin Fondane et Carl Einstein, Avant-gardes et émigration dans le Paris des années 1920 et 30, sous la direction de Liliane Meffre et d’Olivier Salazar-Ferrer, Peter Lang, 2008.
  • Éric Freedman, Bibliographie critique de l'œuvre de Benjamin Fondane, Paris, Éditions Non Lieu, 2009.
  • Monique Jutrin, Benjamin Fondane à la recherche du judaïsme : Entre Jérusalem et Athènes, Paris, Éditions Parole et silence, 2009.
  • Jérôme ThélotOu l’irrésignation. Benjamin Fondane, Montpellier, Éditions Fissile, 2009.
  • Patrice Beray-Louis JanoverRetrouver Fondane, Arles, Les Éditions de La Nuit, 2010.
  • Monique Jutrin, Avec Benjamin Fondane au-delà de l'histoire : Ou les carnets d'Ulysse (1924-1944), Paris, Éditions Parole et silence, 2011, (ISBN 978-2-84573-929-1).

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