Henri Michaux (1899-1984)
Henri Michaux
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».
Peintre et poète français d'origine belge (Namur 1899 – Paris 1984).
Soucieux avant tout de préserver sa solitude et de « ne pas laisser de trace », Michaux a fui toute publicité : jamais il n'accorda de véritable entretien, ses portraits photographiques sont rares et sa voix n'a jamais été enregistrée. Il s'est toujours efforcé d'offrir peu de prise aux biographes mais a tout de même livré Quelques renseignements sur cinquante-neuf années d'existence (1958).
Né le 24 mai 1899 dans une famille bourgeoise ardennaise et wallonne, c'est un enfant solitaire et maladif, qui « boude la vie, les jeux » et s'évade par la lecture. Il interrompt en 1920 des études de médecine commencées un an plus tôt pour embarquer comme simple matelot et voyager un an jusqu'en Amérique du Sud. Au retour, à la lecture de Lautréamont (1922), l'écriture s'impose comme un besoin « longtemps oublié ». Soutenu par Franz Hellens, il publie un premier texte en revue (Cas de folie circulaire) puis deux plaquettes. En 1924, il s'installe à Paris où, encouragé par Supervielle et Paulhan, il publie chez Gallimard Qui je fus (1927), un premier recueil d'inspiration surréaliste.
Parallèlement, il se met à dessiner et à peindre pour se « libér[er] des mots, ces collants partenaires » : les deux registres pictural et verbal deviendront vite inséparables, souvent réunis dans les mêmes livres. Ses dessins à l'encre de Chine, aquarelles, lavis, gouaches, acryliques se déroulent sur la page en trajets idéogrammatiques et autobiographiques qui esquissent des « gestes intérieurs » (Mouvements, 1951), des réseaux de neurones, des têtes sans visages, les silhouettes évanescentes d'êtres filiformes (Meidosems, 1948).
Si, dans Ecuador (1929) et Un barbare en Asie (1933), il rend compte de nouveaux voyages (Équateur, Asie, Espagne et Portugal), Michaux réduit toutefois peu à peu le champ de ses pérégrinations à son aventure intérieure. Durant cette période féconde, il publie ses premiers chefs-d'œuvre : Mes propriétés (1929), La nuit remue (1935), Lointain intérieur (1938), Plume (1938). Le personnage de Plume, double inadapté et comique, étranger au monde et à lui-même, en proie à une angoisse et à une culpabilité ontologiques, peine à maintenir son intégrité morale et physique face aux agressions du dehors, et sa situation se dégrade jusqu'à l'absurde. Dans les récits de voyages imaginaires écrits avant la guerre et réunis dans Ailleurs (1948), le poète s'avère un grand inventeur d'êtres et surtout de manières d'être, se fait l'ethnologue de peuples fantastiques d'une altérité radicale et qui pourtant nous ressemblent.
En 1941, il se voit reconnu par ses pairs lorsqu'André Gide publie Découvrons Henri Michaux. Mais la guerre, l'exode, l'Occupation exacerbent les tensions entre lui et le monde (Épreuves, exorcismes, 1945). La Vie dans les plis (1949) rend compte avec violence d'une catastrophe biographique survenue en 1948 : la mort accidentelle, des suites d'atroces brûlures, de Marie-Louise Termet, qu'il aime depuis 1934 et a épousée en 1943 après son divorce.
Après Face aux verrous (1954), autre recueil majeur, s'ouvre une nouvelle période. À partir de 1956, Michaux expérimente diverses substances hallucinogènes (éther, mescaline...) non pour fuir la réalité, mais pour élargir le champ de sa conscience et en retranscrire des états inexplorés (Misérable Miracle, 1956 ; l'Infini turbulent, 1957 ; Connaissance par les gouffres, 1961). Mais le voyage mental est un moyen dont il découvre aussi les limites : « il existe une banalité du monde visionnaire ».
Durant l'été 1961, Michaux rencontre Micheline Phankim-Koupernik, qui sera sa compagne jusqu'à la fin de sa vie. À partir des années 1960, il est l'objet d'une large reconnaissance publique : en 1965, il refuse le grand prix national des lettres ; en 1966 paraît un Cahier de l'Herne sur son œuvre. Il poursuit son expérience intérieure à travers des « interventions » sur les rêves (Façons d'endormi Façons d'éveillé, 1969), formule ses réflexions sur les religions orientales qui le fascinent depuis son voyage de 1931 (Poteaux d'angle, 1981). Durant ses dernières années, il semble accéder, dans une voie proche de celle du Tao, à l'apaisement et à l'équilibre (Chemins cherchés Chemins perdus Transgressions, 1981 ; Déplacements Dégagements, 1985).
Henri Michaux est le contemporain des surréalistes, mais sa révolte est apolitique et individuelle : son « impuissance à se conformer » le tient à l'écart des mouvements. L'écriture est pour lui exploration de soi : « J'écris pour me parcourir [...] Là est l'aventure d'être en vie. » En témoignent les titres de ses recueils (Qui je fus, Lointain intérieur, Ailleurs, Face aux verrous, Face à ce qui se dérobe), qui soulignent l'élan exploratoire par l'absence d'article (Passages, Épreuves, exorcismes, Émergences, Résurgences, Affrontements, Déplacements, Dégagements) et la singularité de l'expérience par celle de certains articles définis (La nuit remue, l'Espace du dedans, la Vie dans les plis, l'Infini turbulent).
De fait, il est l'un des écrivains qui ont su le mieux restituer l'expérience humaine dans ses dimensions psychologique, spirituelle et corporelle, et ses deux faces tragique et comique. La souffrance est au cœur de son œuvre, nourrie par une impression de manque (« Je suis né troué », Ecuador), la perception du corps comme un obstacle, une angoisse métaphysique que les voyages extérieurs comme intérieurs ne parviennent à apaiser, et la recherche insatiable d'un moyen de s'échapper, de desserrer l'étau de l'appartenance.
Son écriture, à la fois tendue et désinvolte, abstraite et somatique, lyrique et logique, conjugue l'intensité de l'émotion et la distance de l'humour. Ses poèmes, en vers libres ou en prose, passent de la concision de l'aphorisme à l'ampleur lyrique, et multiplient les registres : imprécation, murmure, sarcasme, plainte, extravagance. La seule constante est une défiance radicale à l'égard du langage, dont il désarticule avec exaltation la cohérence fallacieuse pour « donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots » : un rythme sec, nerveux, haletant, vibrant, une syntaxe inventive et répétitive, des créations lexicales et des onomatopées, recréent (par la violence) mais aussi récréent (par l'humour) la langue.
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Henri Michaux
Henri Michaux
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Université libre de Bruxelles (en)
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Activité | Poète et peintre |
Représenté par | Artists Rights Society |
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Henri Michaux, né à Namur le et mort à Paris le , est un écrivain, poète et peintre d'origine belge d'expression française naturalisé français en 1955
Biographie
Né à Namur, où il ne vécut qu'un an, Henri Michaux passe son enfance dans une famille aisée, à Bruxelles, au 69, rue Defacqz. Après avoir séjourné dans un pensionnat de la région de Malines, il poursuit ses études à Bruxelles au collège Saint-Michel, où il a pour condisciples Norge, Herman Closson et Camille Goemans1.
Adolescent angoissé, ses premières expériences littéraires sont marquées par la fréquentation de Tolstoï et Dostoïevski. Même s'il lit beaucoup pendant ses études chez les Jésuites, il ne s'oriente pas tout d'abord vers l'écriture, mais vers la médecine, qu'il abandonnera assez vite pour s'engager comme matelot. Il navigue en 1920 et 1921, mais doit débarquer, son bateau étant désarmé. À peu près à la même époque, la découverte de Lautréamont le pousse à écrire. Il en sortira Cas de folie circulaire en 1922, premier texte qui donne déjà une idée de son style. Ensuite les écrits se succèdent (Les Rêves et la Jambe en 1923, Qui je fus en 1927…) et les styles se multiplient.
À partir de 1922, il collabore activement à la revue d'avant-garde Le Disque vert fondée par son ami Franz Hellens, y faisant paraître nombre de ses premiers écrits, parmi lesquels Les Rêves et la Jambe, « Notre frère Charlie », « Réflexions qui ne sont pas étrangères à Freud », « Lettre de Belgique », « Note sur le suicide », « Surréalisme », « Mes rêves d'enfant », « Le cas Lautréamont ». Il entre au comité de rédaction de la revue en 1923 et dirige le numéro spécial consacré à Sigmund Freud.
Pendant cette période, il émigre à Paris. Dès lors, il ne cessera de renier tout ce qui le rattache à la Belgique. En revanche, il gardera jusqu'à la fin de sa vie une réelle affinité avec la France et avec Paris en particulier2 — même s'il ne cessera pas de voyager dans le monde entier.
À Paris, il se lie rapidement avec le poète Jules Supervielle avec qui il restera ami jusqu'à la mort de ce dernier. En 1936, ils voyagent en Uruguay (chez Supervielle) puis à Buenos Aires en Argentine pour le Congrès International du Pen Club International. Au cours de ce voyage, Michaux rencontre Susana Soca, femme de lettres uruguayenne avec qui il sera très lié2. Il retrouve également Victoria Ocampo, la directrice de SUR. En 1936 également, il entre au comité de rédaction de la revue Hermès, créée en 1933 par Jacques Masui, qui restera un ami proche, Michaux évoquant son souvenir dans un texte publié dans le livre Cheminements (Fayard, 1978), trois ans après sa mort.
À Paris, Michaux fut ami avec plusieurs personnes qui jouèrent un grand rôle dans le monde artistique, comme Brassaï, Claude Cahun, Jean Paulhan son éditeur à la NRF, le libraire-éditeur Jacques-Olivier Fourcade (son « ami le plus proche »3 et correspondant, il l'embauchera comme conseiller littéraire, publiera Mes propriétés en 1929, et Nous deux encore en 1948) ; il favorise par ailleurs l'émergence d'une jeune génération de poètes dont Vincent La Soudière.
Outre les textes purement poétiques, il rédige des carnets de voyages réels (Ecuador en 1929, Un barbare en Asie en 1933) ou imaginaires (Ailleurs en 1948, parmi beaucoup d'autres), des récits de ses expériences avec les drogues, notamment la mescaline (Misérable Miracle en 1956) et le cannabis (Connaissance par les gouffres en 19614), des recueils d'aphorismes et de réflexions (Passages en 1950, Poteaux d'angle d'abord en 1971 puis en 1978…), etc.
Bien que ses ouvrages les plus importants aient été publiés chez Gallimard, de nombreux petits recueils, parfois illustrés de ses dessins, ont été publiés à un faible tirage chez de petits éditeurs2.
Parallèlement à l'écriture, dès 1925, il commence à s'intéresser à la peinture et à tous les arts graphiques en général. Exposé pour la première fois en 1937, il ne cesse ensuite de travailler, au point même que sa production graphique prend en partie le pas sur sa production écrite. Durant toute sa vie, il pratiquera autant l'aquarelle que le dessin au crayon, la gouache que la gravure ou l'encre. Il s'intéresse également à la calligraphie qu'il utilisera dans nombre de ses œuvres.
En 1948, Henri Michaux perd sa femme5 Marie-Louise Termet6 de façon tragique, à la suite d'un incendie domestique7 ; ce deuil lui inspirera la même année son texte Nous deux encore8.
La pratique de l'écriture et du dessin se sont conjugués, notamment, lors de son expérimentation de la mescaline (commencée en , à l'âge de 55 ans, alors que Michaux n'avait auparavant consommé aucune drogue mis à part de l'éther, comme en témoigne le texte « L'Éther », vingt-cinquième texte de La nuit remue). En effet, la correspondance entre Jean Paulhan et Michaux montre déjà un intérêt pour la drogue hallucinogène dans le courant 19549 ; mais c'est au début du mois de que Jean Paulhan et la poétesse suisse Édith Boissonnas se retrouvent chez Michaux pour faire l'expérience de la mescaline9 : cette expérience sera renouvelée à trois reprises et fera l'objet de publications chez chacun des participants : Rapport sur une expérience de Paulhan (publié dans ses œuvres complètes), Mescaline de Boissonnas (La NRF, ) et Misérable Miracle de Michaux (Éditions du Rocher, 1956), dont le récit est complété par une quatrième expérience, qu'il mène sans ses deux acolytes, dans le courant 195510. Cette expérimentation, qui se prolongera jusque vers 1966 avec la parution des Grandes Épreuves de l'esprit, permet aussi de retrouver l'attrait de Michaux pour la médecine et en particulier la psychiatrie (il a assisté de nombreuses fois et dans de nombreux pays à des présentations de malades dans des asiles). Ces expérimentations se déroulaient parfois sous la surveillance d'un médecin, en calculant précisément les doses ingérées, en tenant un protocole d'observation médical11 et en dessinant. Il s'agit d'une approche scientifique — l'auto-observation12 — de ces substances psychotropes (Michaux expérimenta également le LSD et la psilocybine) et de la création artistique qui peut en découler. En 1963, il réalise avec Éric Duvivier Images du monde Visionnaire, un film éducatif produit par le département cinéma de l'entreprise pharmaceutique suisse Sandoz (mieux connue pour la synthèse du LSD en 1938) afin de démontrer les effets hallucinogènes de la mescaline et du haschich.
À la fin de sa vie, Michaux était considéré comme un artiste fuyant ses lecteurs et les journalistes, ce qui contraste avec les nombreux voyages qu'il a faits pour découvrir les peuples du monde et avec le nombre des amis qu'il compta dans le monde artistique.
Henri Michaux fait partie des peintres réunis pour l'exposition L'envolée lyrique, Paris 1945-1956 présentée au Musée du Luxembourg (Sénat), avril- (Sans titre, 1948 ; Six dessins pour 'Mouvements' , 1949 ; Sans titre, 1951, Dessin mescalinien, 1955) - catalogue : (ISBN 8876246797).
L'une de ses phrases les plus connues, disant à la fois son désir d'infini et de renaissance océanique et son refus de tout lien ou enfermement, est : « Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers. »13
Style
Un poète particulier
Le premier texte publié par Henri Michaux, est Les Rêves et la jambe. Il en contrôle le tirage à seulement 400 exemplaires. Cette œuvre est représentative du traitement qu’il infligera à ses œuvres de jeunesse, qu'il prendra soin de cacher ou de détruire. Les Rêves et la Jambe font donc partie du corpus « des premières œuvres » écrites en 1922 et 1928 et dont les raisons d'abandon ne sont pas données par l'auteur. Cependant, dans son introduction à Qui je fus, Raymond Bellour explique ce phénomène comme un rejet des débuts et de la « masse informe » que constituent les premiers textes14. Ainsi, Michaux se constitue une œuvre palimpseste, faisant de ses premières œuvres des « misérables petits bouquins » et allant jusqu'à écrire : « Je ne reconnais pas cette horreur »15. Les premières œuvres de Michaux sont donc cachées, détruites, participant du relatif anonymat de l'auteur dans le panorama de la littérature française.
Un poète à l'écart de ses contemporains
Henri Michaux est souvent perçu comme un poète refusant la médiatisation de son œuvre et de lui-même. Souvent en retrait de la scène littéraire, il maintient un refus radical de paraître, s'opposant de manière irréductible et inaliénable à toutes les sollicitations publiques : interviews, émissions de télévision ou radio, photos, conférences, prix littéraires, éditions critiques, éditions de poche ou Pléiade, etc. — comme en témoigne une centaine de lettres dénichées et publiées en 2016 par Jean-Luc Outers, sous le titre Donc c'est non. En 1934, un ami insiste auprès de Jean Paulhan pour obtenir une photo de Michaux, lequel répond à Paulhan qu’il se propose d’envoyer à l’ami une radioscopie de ses poumons et aussi un « agrandissement » de son nombril : « Soyez tranquille, c’est présentable, le cordon ne pend plus. On l’a coupé proprement en temps voulu. » Quelques photos finiront par circuler dans les journaux. « Que faire ? Cinquante procès ne me rendraient pas un visage inconnu. »16 Alors, en 1966, dans le numéro de L’Herne qui lui est consacré, il consent à la publication de quatre photos. Tout de même, Henri Cartier-Bresson ou Gisèle Freund ont laissé de lui d’admirables et rares portraits. Une de ses très rares et ultimes apparitions en public fut pour assister à la conférence de son ami Jorge Luis Borges au Collège de France, le 17.
Ainsi, bien que contemporain du surréalisme d'André Breton, Henri Michaux n'en fait pas partie. Au contraire, il le critique ouvertement dans un de ses comptes rendus parus dans Le Disque vert : « Surréalisme18 », notamment à travers la notion d'écriture automatique.
PROCÉDÉ : Prenez une large superficie de papier, demeurez assis plutôt que debout, plutôt couché qu'assis, plutôt encore ensommeillé, indifférent à tout, à tout sujet, à tout but, sauf à mettre en mots immédiatement le contenu apparent de votre imagination19.
Le poète se veut donc à l'écart de la scène littéraire du XXe siècle, comportement résumé par Bernard Noël, dans sa préface à Qui je fus, par cette interrogation qu'il utilise pour gloser le comportement de Michaux : « comment écrire sans être un écrivain? »20
Une recherche poétique
La recherche d'une nouvelle langue poétique
Le refus de l'esthétique surréaliste témoigne du style particulier de l'auteur : il ne souhaite pas se placer sous l'égide d'un groupe ou d'un courant littéraire proclamé. Au contraire, Michaux conduira sa poétique seul, n'ayant de cesse de chercher la « langue immédiate, simple "mimique", transversale à tous les moyens d'expression »21.
Cette « langue mimique » se retrouve par exemple dans « Rencontre dans la forêt » :
Il la déjupe; puis à l'aise il la troulache,la ziliche, la bourbouse et l'arronvesse,(lui gridote sa trilite, la dilèche)22.
Ces trois vers, qui représentent un viol, disent plus immédiatement, plus puissamment l'horreur de la situation que des vers composés de termes existants. En effet, ces trois vers sont une succession de néologismes, ressemblant très fortement à des onomatopées. Le caractère oralisant de ces onomatopées permet une force d'évocation plus grande que des termes avérés, puisque ces termes inventés suggèrent l'action sans la dire, la mimant presque. Ce procédé est efficace grâce à la ressemblance de ces néologismes à des mots avérés : "déjupe" est assez explicite, "troulache" associant le mot "trou" au mot "lâche" permet de juger la lâcheté de l'action commise, etc. Chaque néologisme est créé dans le but de "mimer" la scène, formant un ensemble violent et terriblement suggestif. Cette langue est donc immédiate puisqu'elle ne fait que "mimer" l'action qui a lieu, en donnant plus que la description, comme une sensation.
Un refus de la forme fixe
Michaux, au même titre que son goût pour le néologisme, développe un goût pour la forme libre. Il ne peut se cantonner à un seul mode d’expression : le poème n’est plus conçu comme une forme mais comme une voix supérieure aux formes littéraires. Après la poésie de Mallarmé et les « vers-libristes », la forme fixe est discréditée. C'est pourquoi Michaux fustige Boileau et son Art Poétique dans ce poème cité par Haydée Charbagi dans « Poétique du passage : Henri Michaux et la musique »23 :
un homme qui n’aurait que son pet pour s’exprimer…pas de rire pas d’ordure pas de turlururuet pas de relire surtout Messieurs les écrivainsAh ! que je te hais BoileauBoiteux, Boignetière, Boilou, Boigermain,Boirops, Boitel, Boivery Boicamille, Boit de traversBois ça
En insultant Boileau de la sorte, c'est la forme classique qu'il conteste. Cela s'observe au sein même de la poésie avec les alinéas et les blancs laissés entre les différentes parties du vers. Ainsi, si la forme métrique de la poésie est décriée, la forme visuelle du poème acquiert de l’importance, la disposition des mots sur la page devient plus importante que leur disposition métrique suivant un usage poétique remontant à la fin du XIXe siècle, avec notamment le Coup de dés de Mallarmé ou encore les Calligrammes d’Apollinaire.
Le mélange des genres
Mais la poésie de Michaux, loin de s'arrêter au refus des formes métriques, amalgame à la poésie d'autres genres, littéraires ou non. Ainsi il livre une œuvre où sont détruites les frontières des genres : la poésie annexe tout, l'aphorisme et le compte-rendu scientifique dans Les Rêves et la Jambe, le conte dans Les Fables des origines24, l'aphorisme dans « Principes d’enfant »25, le mélange de la prose et du vers dans Qui je fus, l'esthétique du journal dans Ecuador, l’essai avec Passages26, etc. De même, La nuit remue (1935) ressemble à une compilation de poèmes en prose, de poèmes libres et d'extraits de journal intime avec des descriptions de cauchemars et de l'expérimentation de l'éther, d'autant plus déconcertante que la seconde section du recueil, « Mes propriétés », contient un certain nombre de textes à la limite de l'intelligible ; la postface de Michaux est à ce titre très intéressante puisque l'auteur y écrit (nous soulignons) :
Par hygiène, peut-être, j'ai écrit « Mes Propriétés », pour ma santé.[...][Certains malades] font leur personnage selon leur force déclinante, sans construction, sans le relief et la mise en valeur, ordinaire dans les œuvres d'art, mais avec des morceaux, des pièces et des raccords de fortune où seule s'étale ferme la conviction avec laquelle ils s'accrochent à cette planche de salut. Mentalement, ils ne songent qu'à passer à la caisse. […]« Mes Propriétés » furent faits ainsi.Rien de l'imagination volontaire des professionnels. Ni thèmes, ni développements, ni construction, ni méthode. Au contraire la seule imagination de l'impuissance à se conformer.Les morceaux, sans liens préconçus, y furent faits paresseusement au jour le jour, suivant mes besoins, comme ça venait, sans « pousser », en suivant la vague, au plus pressé toujours, dans un léger vacillement de la vérité, jamais pour construire, simplement pour préserver27.
La poétique de Michaux est en perpétuel cheminement ; Alice Yao Adjoua N’Guessan la qualifie de « kaléidoscope » dans sa thèse « La création poétique chez Henri Michaux : formes, langages et thèmes »28. En effet, le style de la poésie de Michaux est placé sous le signe de la variété : tous les genres littéraires semblent y être amalgamés pourvu que ce style s'approche de la « langue mimique ». Mais selon Alice Yao Adjoua N’Guessan, « Le journal de voyage reste le genre le plus influent sur la poésie de Michaux »29. Ecuador par exemple, est un texte qui oscille entre poésie et récit de voyage :
Océan solide.Océan, quel beau jouet on ferait de toi, on ferait, si seulement ta surface était capable de soutenir un homme comme elle en a souvent l’apparence stupéfiante, son apparence de pellicule ferme.On marcherait sur toi. Les jours d’orage, on dévalerait à une folle allure tes pentes vertigineuses.On irait en traîneau ou même à pied. […]30
Par exemple il y a ici mélange des genres, entre journal de voyage (avec la mention de la date) et poésie (apostrophe à l’Océan, titre, etc.).
La place particulière de l'aphorisme
L'utilisation de l'aphorisme est expliqué ainsi par Alice Yao Adjoua N’Guessan :
Seuls, ils constituent une unité syntaxique et sémantique. Cette forme met en exergue la fonction cognitive de la poésie. Ces paragraphes condensent une pensée dans la brièveté d’énoncés fortement rythmés pour en faciliter la mémorisation. Cette forme d’écriture est inspirée par l’influence de la culture chinoise et indienne qui a souvent utilisé ces formules pour faire jaillir des réflexions philosophiques avec une portée didactique et mnémotechnique31.
L'aphorisme est donc une façon de « faire jaillir [la] réflexion », il a une portée « didactique et mnémotechnique » : il relève donc de la « langue mimique », puisqu'il est constitutif d'une langue simple, d'une énonciation brève, qui dit les choses de manière efficace, c'est-à-dire simple et facile à retenir. Ainsi, Michaux écrit, dans Les Rêves et la Jambe : « J'ai essayé de dire quelques choses »32. La langue de Michaux veut "dire" les choses, non les représenter, non en donner une impression.
Une écriture scientifique contre la "plénitude facile"
Une écriture scientifique
Pour "montrer" ces "quelques choses", Henri Michaux use d'une écriture qui peut parfois être qualifiée de "scientifique". Celle-ci est sensible dans Cas de Folie circulaire, ou encore dans Les Rêves et la Jambe, où se multiplient les allusions à la médecine psychiatrique, avec des références à Mourly Vold, ou encore à Sigmund Freud. Mais la prosodie est elle-même de l'ordre du scientifique, avec un style de prise de notes, comme des ébauches jetées sur un cahier, ou des notes à soi-même, caractérisées par le retour à la ligne, de courtes phrases, l’épuration de la syntaxe ainsi que la concision et la précision du propos. Le discours s'organise donc dans une logique qui enchaîne l'explication et l'exemplification, mais aussi la répétition des conjonctions. Par exemple :
Mourly Vold empaquette des dormeurs. Il leur empaquette la jambe ou les coudes ou les bras, ou le cou.Sommeil.Puis Vold habille la jambe. La jambe s’éveille : Les images mentales les plus proches, ou les plus familières de la jambe s’éveillent.Rêve32.
Outre la référence à Mourly Vold, le langage est répétitif (voir la répétition de « empaquette », ou de « la jambe »), constitué de phrases courtes juxtaposées, parfois nominales, disposées sur plusieurs lignes. Le propos est précis, possède sa logique et présente les choses telles qu'elles sont.
La disqualification de la musique
La musique, au contraire de la science, ne donne qu'impression ; Michaux la qualifie de « plénitude facile, commode, qui masque pour un temps le vide de [la vie des hommes] »23. Michaux développe une véritable aversion pour la musique qu'il déclare dans ce passage sur la « sanza africaine », cité par Haydée Charbagi dans « Poétique du passage : Henri Michaux et la musique »23 :
je comprenais, je croyais comprendre, intérieurement et rétrospectivement, ce qui attire les foules et qui m’avait toujours paru tellement inepte.Leur musique.Musique non comme langage, mais musique pour passer l’éponge sur les aspérités et les contrariétés de la vie quotidienne. Mécanique des balancements. Musique pour accoucher d’états béats, délectation de mauvais aloi, pour bébés sans le savoir se rappelant des bercements...Par moments, leur entrain odieux et qui veut qu’on le suive, lui aussi je le retrouvais33
La musique est ce qui enveloppe l’homme facilement, or dans Un barbare en Asie, Michaux énonce : « (Envelopper : volupté) »34. La musique est donc une vulgarité, il attire les foules, et c'est ce qui le rend « inepte » aux yeux du poète. Étant accessible à tous, elle n'est pas un « langage » mais ce qui permet de « passer l’éponge sur les aspérités et les contrariétés de la vie quotidienne ». « Leur » écrit en italique, montre bien toute l'aliénation que Michaux fait subir à la musique. Loin du style clair, concis et démonstratif de la parole scientifique, la musique est alors un langage diffus et représentatif. Il ne peut dire « quelques choses », il n'est qu'un « entrain odieux » qui demande à ce qu'on le suive.
Un style introspectif et insolite
Le goût de l'insolite
L'œuvre d'Henri Michaux peut-être caractérisée comme œuvre de l'insolite : en effet, l'auteur y mêle conte et fable, fantastique et merveilleux. Par exemple :
Là je rencontrai les Phlises, […] les Burbumes qui chevauchent comme des vagues et sont couverts de longs poils blancs soyeux, les Chérinots et les Barebattes, lourds comme l’ours, violents comme le cobra, têtus comme le rhinocéros ; les Clangiothermes, les Ossiosporadies, les Brinogudules aux cent queues et les Cistides toujours empêtrés dans des plantes et forant des coquilles ; quantité de parasites, les Obioborants à cornac (une sorte de monstre du tiers de leur taille qui se fixe sur eux pour la vie), […] et partout des orvets manchetés inoffensifs, mais si semblables aux terribles Ixtyoxyls du Mexique que c’était une panique générale à chaque mouvement de l’herbe35. (« Nouvelles observations », in Mes propriétés.)
Ce qui paraît être ici du merveilleux, par les références à toutes ces créatures extraordinaires, est en vérité du fantastique. En effet, le réel est mêlé à la fiction, notamment grâce aux références aux animaux connus par le lecteur (l'« ours », le « cobra », le « rhinocéros ») ou encore grâce à la référence au Mexique. De même, la locution « une sorte de » renvoie à l'incertitude constitutive de l’imagination : le poète ne peut savoir exactement à quelle sorte de monstre appartient l'« Obioborant à cornac », il est donc obligé d'utiliser la locution « une sorte de », se garantissant ainsi du contresens. Là où une langue « représentative » (dans le même sens que la musique) aurait pu parler des « Obioborants à cornac » sans utiliser « une sorte de », la langue « mimique » de Michaux doit recourir à la plus grande précision possible, où du moins à la plus grande sincérité de la part de celui qui semble dresser un compte-rendu.
Cette utilisation d'un imaginaire entre merveilleux et fantastique est représentatif de l'insolite de l'œuvre de Michaux, tout comme le sujet de certains poèmes d'Un Certain Plume.
Le perpétuel retour au « panorama dans votre tête »
Bernard Noël explique que Michaux divise la réalité en deux réalités distinctes : celle qui relève du « panorama autour de votre tête » et celle qui relève du « panorama dans votre tête »36. Le panorama autour de la tête, la réalité lui paraît déjà trop exploré et convenu, tout le monde semble le partager. C'est donc au deuxième « panorama » que semble se vouer l'auteur, panorama auquel son œuvre ramène sans cesse. Cette intériorité est le lieu du merveilleux, du fantastique et du conte : c'est son imagination que Michaux donne à voir, avertissant son lecteur de son caractère merveilleux et fantastique (prévenant de ce fait « le lecteur de son aspect le plus superficiel » 20), mais essayant tout de même de l'expliquer dans une langue « mimique ». Ainsi l'œuvre de Michaux, en constante exploration de l'intériorité de son auteur, tourne vite à la quête de soi, à la recherche du "je" qui anime ce corps conçu comme accident (« L'homme n'est qu'une âme à qui il est arrivé un accident »20).
Œuvre
Sauf indication contraire, les ouvrages d'Henri Michaux sont parus aux Éditions Gallimard.
Henri Michaux est le seul auteur à avoir refusé que ses œuvres soient publiées à titre anthume dans la bibliothèque de la Pléiade37.
- Cas de folie circulaire, 1922
- Les Rêves et la Jambe, 1923
- Fables des origines, Disque vert, 1923
- Qui je fus, 1927
- Mes propriétés, Fourcade, 1929
- La Jetée, 1929
- Ecuador, 1929
- Un certain Plume, Editions du Carrefour, 1930
- Un barbare en Asie, 1933
- La nuit remue, 1935
- Voyage en Grande Garabagne, 1936
- La Ralentie, 1937
- Lointain Intérieur, 1938
- Plume, 1938
- Peintures. GLM, 1939
- Au pays de la Magie, 1941
- Arbres des tropiques, 1942
- L'Espace du dedans, 1944
- Épreuves, Exorcismes, 1940-1944
- Ici, Poddema, 1946
- Peintures et dessins. Le point du jour, 1946
- Meidosems. Le point du jour, 1948.
- Ailleurs, 1948
- Nous deux encore.8 Lambert, 1948
- La Vie dans les plis, 1949
- Poésie pour pouvoir. René Drouin en collaboration avec Aline Gagnaire et Michel Tapié, 194938
- Passages, 1950
- Mouvements (recueil), 1952
- Face aux verrous, 1954
- L'Infini turbulent, 1957
- Paix dans les brisements, 1959
- Connaissance par les gouffres, 1961
- Vents et Poussières, 1962
- Postface à Plume et Lointain intérieur (« On est né de trop de mère... ») 1963
- Désagrégation, 1965
- Les Grandes Épreuves de l'esprit et les innombrables petites, 1966
- L'Espace du dedans. Pages choisies (1927-1959), 1966
- Façons d'endormi, façons d'éveillé, 1969
- Poteaux d'angle, 1971
- Misérable Miracle (La mescaline), 1972
- En rêvant à partir de peintures énigmatiques, 1972
- Émergences, Résurgences, 1972
- Bras cassé, 1973
- Moments, traversées du temps, 1973
- Quand tombent les toits, 1973
- Par la voie des rythmes, 1974
- Idéogrammes en Chine, 1975
- Coups d'arrêt, 1975
- Face à ce qui se dérobe, 1976
- Les Ravagés, 1976
- Jours de silence, 1978
- Saisir, 1979
- Une voie pour l'insubordination, 1980
- Affrontements, 1981
- Chemins recherchés, chemins perdus, transgressions, 1982
- Les Commencements, 1983
- Le Jardin exalté, 1983
- Par surprise, 1983
- Par des traits, 1984
- Déplacements, Dégagements, 1985 (posthume)
- Rencontres (avec Paolo Marinotti), 1991(posthume)
- Jeux d'encre. Trajet Zao Wou-Ki, 1993 (posthume)
- En songeant à l'avenir, 1994 (posthume)
- J'excuserais une assemblée anonyme..., 1994 (posthume)
- À distance, Mercure de France, 1997 (posthume)
- Sitôt lus. Lettres à Franz Hellens. 1922-1952, Fayard, 1999 (posthume)
- Donc c'est non, lettres réunies, présentées et annotées par Jean-Luc Outers, Gallimard, 2016 (posthume)
- Coups d'arrêt suivi d’Ineffable vide, Éditions Unes, 2018 (posthume)
Bibliographie
- Per Bäckström, Enhet i mångfalden. Henri Michaux och det groteska, Lund: Ellerströms förlag, 2005.
- Per Bäckström, Le Grotesque dans l’œuvre d’Henri Michaux. Qui cache son fou, meurt sans voix, Paris, L’Harmattan, 2007.
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- Raymond Bellour, Henri Michaux ou Une mesure de l'être, Paris, Gallimard, coll. « Essais », 1965, 282 p.
- Raymond Bellour (dir.), Cahier Henri Michaux, Paris, L'Herne, coll. « Cahiers de L'Herne », 1966, 528 p. (ISBN 9782213603308)
- Raymond Bellour & Ysé Tran, Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, coll. « La Bibliothèque de la Pléiade », Paris, 1988, t.1 1584 p., t.2 1488 p., t.3 2048 p.
- René Bertelé, Henri Michaux, Paris, Seghers, coll. « Poètes d'aujourd'hui », 1957, 226 p.
- Robert Bréchon, Michaux, Paris, Gallimard, coll. « La Bibliothèque idéale », 1959, 240 p.
- Llewellyn Brown, L'Esthétique du pli dans l’œuvre de Henri Michaux, Caen, Lettres modernes Minard, 2007, 235 p. (ISBN 978-2-256-91123-1)
- Anne Brun, Henri Michaux ou le corps halluciné, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 1999, 334 p.
-
- « Notes pour Henri Michaux », in Chimères no 17 ;
- « Peinture liquide », in Chaoïd no 6.
- Serge Chamchinov, Henri Michaux : signes, gestes, mouvements (écriture et peinture), 1 ill., Lille, Éditions ANRT, 2008. (ISBN 978-2-7295-7232-7)
- Odile Felgine, Henri Michaux, Neuchâtel, Ides et Calendes, coll. « Polychrome », 2006.
- Claude Frontisi (textes de Simon Hantaï, Frédéric Benrath, Jean Degottex, Zao Wou-Ki, Joseph Sima, Claude Viseux, Francis Bacon, Pierre Alechinsky, Geneviève Asse, Pierre Soulages, Hervé Télémaque, Jean-Pierre Pincemin, Roberto Matta, Jorge Camacho...), Henri Michaux, le regard des autres, Paris, Galerie Thessa Herold, 1999, 136 p.
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- Anne-Elisabeth Halpern, Michaux et le cinéma, Paris, Nouvelles éditions Jean-Michel Place, coll. « Le cinéma des poètes », 2016.
- Maurice Imbert (éd.) :
- Henri Michaux. Les livres illustrés, Paris, La Hune éditeur, 1993 ;
- Correspondance Adrienne Monnier et Henri Michaux, Paris, La Hune éditeur, 1999.
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- Jean-Pierre Martin, Henri Michaux, écritures de soi, expatriations, Paris, Éditions José Corti, 1994, 585 p.
- Jean-Pierre Martin, Henri Michaux, Paris, ADPF-Publications, Éditions des Affaires Étrangères, 1999, 62 p.
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- Rainer Michael Mason, Henri Michaux, les années de synthèse, 1965-1984, Paris, Galerie Thessa Herold, 2002, 96 p.
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- Claire Stoullig, Henri Michaux, le langage du peintre, le regard du poète, Paris, Galerie Thessa Herold, 1994, 160 p.
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- Pierre Vilar, Françoise Nicol et Gwénael Boutouillet, Conversations avec Henri Michaux, Nantes, Cécile Defaut, 2008, 198 p.
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