les dix meilleurs livres de science fiction, anthologie par les-carnets-dystopiques.fr

Les 10 meilleurs livres de science fiction

Quels sont les meilleurs livres de science fiction, les meilleurs récits et nouvelles ? Par où commencer lorsqu’on veut découvrir la SF ? Quels sont les incontournables que, peut-être, vous n’avez pas encore lu ? Vous êtes peut-être aussi à court d’idées, votre bibliothèque est-elle pleine ou bien reste-t-il encore un peu de place ?
Il serait évidement très prétentieux de donner ici un classement absolu, un « top 10 officiel » de la « scifi » littéraire ! C’est donc une sélection toute personnelle que je vous propose : dix ouvrages parmi des milliers (la seule collection folio SF en compte actuellement 562 au catalogue…). Une première sélection « généraliste », car rappelons entre autres choses qu’il existe grosso-modo une dizaine de genres, du space-opera à la dystopie si chère à ce blog.
Or donc voici une humble sélection de dix ouvrages de science fiction dont la lecture m’a marqué. J’ai d’ailleurs lu la plupart plusieurs fois.
Voyez ceci comme une invitation à (re)découvrir certains auteurs, certains genres. Ce sont des récits qui pourraient se situer en bonne place dans toute bonne bibliothèque, qu’elle soit généraliste où résolument SF, qu’elle soit en chêne massif multi-séculaire ou en poudre de pin suédois en kit et dotée d’un nom sans nul doute possible issu d’outre-espace voire d’une proche dimension parallèle…
N’hésitez pas à commenter et/ou à donner en commentaire votre propre livre préféré.

1) Fondation – Isaac Asimov

Cycle de Fondation – 1942-1993 – Hard science – Foundation (Etats-unis)


Fondation, tome 1 du cycle de fondation - Isaac Asimov - chronique de lecture - les-carnets-dystopiques
Fondation, I. Asimov
Incontournable parmi les incontournables, Fondation n’est pas un simple roman, c’est un cycle d’une ampleur phénoménale écrit par un des grands maîtres incontestés de la science fiction : Isaac Asimov. Le titre même de « Fondation » n’est en réalité que celui du premier volet publié d’un cycle qui en compte six autres. Plus même qu’un cycle, il s’agit du récit de l’évolution de l’humanité à travers notre galaxie, sur une période de 600 ans environ. Mais le cycle qu’Asimov a rédigé petit à petit tout au long de sa vie trouve ses origines dans son autre grand cycle : le cycle des Robots. Au final le « background » du récit a… 25 000 ans !!!
Dans Fondation, l’Empire galactique dans lequel évolue l’humanité est sur le déclin, et sa chute semble inéluctable à Hari Seldon, savant émérite et inventeur de la « psychohistoire », qui permet de prédire l’évolution des grandes sociétés sur de très longues périodes. Il trouve alors le moyen de préserver la civilisation humaine, dans le plus grand de tous les secrets.
Asimov, « inventeur » génial du concept même de « robotique » est un auteur à lire absolument. Fondation est son oeuvre maîtresse.
Le cycle de Fondation comprend 5 volumes : Fondation (1951), Fondation et Empire (1952), Seconde Fondation (1953), Fondation foudroyée (1982) et Terre et Fondation (1986)
Puis deux tomes « antérieurs » : Prélude à Fondation (1988) et l’Aube de Fondation (1993).


2) Solaris – Stanislas Lem

1961 – Planet opera – Solaris (Pologne)


Solaris - Stanislas Lem - Chronique de lecture - les-carnets-dystopiques.frSolaris… Un roman à part dans le monde de la SF et l’un de ceux qui m’ont le plus marqué.
Stanislas Lem, auteur polonais, aime par dessus imaginer des formes de vie extra-terrestres, et il creuse l’esprit humain pour tenter d’imaginer ce qu’une rencontre avec ces êtres engendrerait. Serions nous capables de nous comprendre, quelle serait notre réaction, à quel point serions nous bouleversés par une telle découverte. Bien loin des classiques extra-terrestre humanoïdes, S.Lem imagine des formes de vie incroyables. Avec Solaris, son chef d’oeuvre, il atteint là le sommet de son art.
Solaris est une planète sur laquelle débarque le Dr. Kelvin. Une planète à deux soleils recouverte d’un océan protoplasmique dont la science étudie la constitution depuis de nombreuses années. Cette entité animée produit de curieuses structures à sa surface mais ne semble pas douée d’intelligence. Pourtant d’étranges visions assaillent soudain les scientifiques de la base, faisant vaciller leur esprit.
Quasiment un essai philosophique sur les possibilités de communication entre formes de vies, Solaris est un récit presque métaphysique mettant en scène l’homme face à l’inconnu, un inconnu qui dépasse ses capacités de compréhension et d’analyse. Un livre hypnotisant et déroutant, l’essence même de la science fiction.


3) Les Affinités – Robert Charles Wilson

2015 – Dystopie – The Affinities (Etats-unis)


les affinités - R.C. Wilson - chronique de lecture - les-carnets-dystopiques.fr
Les Affinités – R.C. Wilson
La science fiction a ceci de particulier qu’elle ne se contente pas d’inventer des histoires. Elle analyse aussi l’esprit humain, elle scrute l’humanité. Ses capacités techniques et scientifiques, ses excès, ses erreurs, ses peurs, ses dérives… Robert Charles Wilson est un maître du genre. Ses récits sont structurés autour de la psychologie des personnages. On voit les évènements à travers leurs yeux.
Dans « les Affinités », les individus se sont divisés en grandes catégories sociales, grâce à un algorithme qui permet de ranger les êtres humains en fonction de leurs affinités. Leurs capacités, leurs goûts, leur tournure d’esprit… Tout ceci les amène à faire partie d’un groupe dans lequel ils se sentent étonnement bien, l’inter-compréhension venant tout naturellement. Dystopie dans laquelle l’humanité est transformée en immense « réseau social », où ceux que l’algorithme juge inclassables ses sentent mis à l’écart, le livre est avant tout une réflexion sur ce qui nous pousse à fréquenter plutôt telle ou telle personne, telle ou telle classe sociale.Que se passe t-il alors lorsque de cette classification émergent deux classes dominantes que tout oppose. Et qu’advient-il de ceux qui sont « à la marge » de leur classe ?
Roman génial de R.C. Wilson, « Les Affinités » est moins connu que d’autres comme Bios, moins technique que Spin, mais il demeure pour moi le roman le plus typique de l’écriture de cet auteur majeur.


4) La Nuit des Temps – René Barjavel

1968 – Anticipation – (France)


La Nuit des Temps rené Barjavel
La nuit des temps – Barjavel
La Nuit des temps est ce que l’on pourrait appeler un « roman universel ». Il fait quasiment l’unanimité tant chez les lecteurs de SF que chez ceux qui n’aiment pas le genre. Il fait partie des livres que l’on lit à l’école ; je ne saurais pas dire si c’est une consécration ou une punition, toujours-est-il que cela le fait rentrer dans le cercle très fermé des « classiques » de la littérature française.
La Nuit des temps se déroule en Antarctique, territoire de recherches scientifiques dans lequel on creuse et… on trouve les vestiges d’une civilisation. Il se trouve qu’il s’agit d’une civilisation qui nous a précédé de beaucoup et qui était immensément plus avancée que la nôtre.
Sous la glace, on trouve dans une capsule dorée la très belle Eléa, qu’on réveille et qui raconte l’histoire de sa civilisation. A ses côtés se trouve Coban, détenteur de la science de son peuple, et que l’on va tenter de réveiller aussi…
Ecrit en mars 1968, juste avant la « révolution étudiante », René Barjavel écrit un roman qui est un chef d’oeuvre de l’anticipation. En effet, on y trouve déjà des thèmes comme le revenu universel, le veganisme, le pouvoir des lobbies, l’énergie universelle et les réseaux sociaux, et même une révolution étudiante (qui aura donc réellement lieu 2 mois seulement après la parution du livre !!). Allégorie du jardin d’Eden, la Nuit des temps est aussi l’histoire d’un drame amoureux qui en a bouleversé plus d’un-e.


5) Je suis une légende – Richard Matheson

1954 – Apocalyptique – I am Legend (Etats-unis)


Je suis une légende - MathseonOubliez tout de suite l’adaptation cinématographique de 2007 qui dénature totalement l’esprit du livre avec un dénouement bien trop hollywoodien. Je suis une légende est bien plus qu’un simple roman de survivant post-apocalyptique.
Robert Neville, le héros, se trouve être seul survivant dans un monde ravagé par une pandémie qui fait muter les humains, les transformant en créatures à mi-chemin entre le vampire et le mort-vivant. L’espoir qu’il y ait d’autres survivants s’amenuise peu à peu et Neville, chaque nuit, se retranche dans sa maison pour échapper aux assauts de cette nouvelle espèce devenue dominante. Sortir le jour pour trouver des provisions, se cacher la nuit, espérer que d’autres soient encore « en vie », essayer de comprendre pourquoi son voisin Ben Corthman assiège sa maison dès que la nuit tombe, soir après soir. Survivre, résister, en tuer le plus possible, oublier la solitude, tenir à l’écart les souvenirs…
Je suis une légende fait partie de ces livres qu’on ne lâche pas, palpitant au possible, et qui nous offre un dénouement inattendu. Du genre de ceux qui font basculer toute notre compréhension du livre dans la dernière phrase. Et c’est bien là le tour de force réussi de ce roman, celui de contraindre notre esprit à penser différemment.


6) Montagnes de la folie – Howard Phillips Lovecraft

1936 – Science-Fantasy – At the Mountains of Madness (Etats-unis)


Montagnes de la folie - H.P. Lovecraft
Montagnes de la folie
Montagnes de la folie est un des romans tardifs de H.P. Lovecraft. A l’origine très mystiques et fantastiques, les derniers écrits de l’auteur basculent vers la science fiction à proprement parler.
Le récit de l’expédition Starweather-Moore se déroule en Antarctique, ou les scientifiques mettent à jour les restes de créatures défiant l’imagination. Le camp avancé est mystérieusement décimé et ceux qui étaient resté à la base découvre avec effroi un épouvantable carnage. Attirés par d’étranges formes dans les montagnes surplombant le camp en lambeaux, ils décident de gravir celles-ci et découvrent les vestiges d’une immense cité. En explorant les souterrains qui s’enfoncent sous les constructions, ils découvrent petit à petit l’histoire de cette ancienne ville aux dimensions « cyclopéennes« .
H.P. Lovecraft livre ici quelques clés de son univers. Comme Asimov avec Fondation ou Tolkien avec Le Seigneur des Anneaux, Lovecraft place ses romans et nouvelles dans un univers singulier, un des plus riches parmi les littératures imaginaires. On découvre ici l’histoire des Grands Anciens, des Shoggoth et des Mi-Go, des rejetons de Cthulhu… Sans doute son meilleur roman, qui bénéficie en outre d’une excellente et récente (re)traduction (2016), et qui lui donne toute son ampleur.


7) La Horde du Contrevent – Alain Damasio

2004 – Fantasy – (France)


La horde du contrevent - A. Damasio - chronique de lecture les-carnets-dystopiques.frQui mieux que Alain Damasio pour jouer avec l’écriture, avec les mots ? Qui pour créer un roman qui soit un « objet littéraire » autant qu’une histoire haletante au possible ? Avec la Horde du Contrevent, A. Damasio crée une nouvelle manière de raconter, une nouvelle manière d’écrire. Ce n’est pas un hasard si le livre est encensé par la plupart de ceux qui l’ont lu.
La Horde, c’est un groupe de personnes, partis de l’extrême-aval et qui marchent face au vent en quête de l’extrême amont, là d’ou vient le vent. Ce n’est pas la première horde, mais aucun n’est parvenu à l’origine du vent. Sur cette planète le vent est tout. La quête de ces personnages est toute leur vie, depuis le plus jeune âge.
Les pages s’écoulent à l’envers, les personnages sont définis par des symboles et les narrateurs changent au fil des chapitres, amenant chaque fois une nouvelle vision de « la trace« . L’écriture prend une tournure presque mathématique dans une joute orale qui demeure un des grands moments du livre. Que dire de plus, sinon qu’il s’agit là d’un auteur qui allie une immense maîtrise de l’écriture à une approche novatrice du récit, et qui met cela au service d’une histoire aussi passionnante qu’hypnotisante. On a l’impression de faire partie de la Horde. On a l’impression de marcher à Contrevent, vers l’extrême-amont…


8) La main gauche de la nuit – Ursula K. Le Guin

1969 – Planet opera – The Left Hand of Darkness (Etats-unis)


La main gauche de la nuit - Ursula K. Le Guin - chronique de lecture les-carnets-dystopiques.fr
La main gauche de la nuit
Sur Nivôse, l’humanité a évolué différemment. Il n’y a pas d’hommes et pas de femmes, les individus sont asexués la plupart du temps. Sauf dans la période du kemma ou ils prennent aléatoirement les caractéristiques mâle ou femelle. La société qui en découle est bien différente de la nôtre : concept de famille, système politique, relations sociales… Tout est différent. Genly Aï, un terrien, est envoyé là bas en temps qu’émissaire de l’organisation interplanétaire. Mais il a bien du mal à comprendre cette société dans laquelle il apparaît comme un monstre bloqué au stade mâle. Perçu comme une menace par le gouvernement en place, il va devoir fuir à travers les étendues gelées.
Ursula K. Le Guin signe ici un roman fascinant. Une perle rare de la SF, un de ces récits qui m’ont chamboulé, par la puissance des sensations qu’il développe. Perdu dans un désert de glace, on doit reconstruire notre vision des relations sociales dans cette civilisation ou la notion de genre n’existe plus.
La main gauche de la nuit fait partie d’un cycle qui comporte six autres romans, le Cycle de l’Ekumen, mais il peut très bien se lire seul.
Fascinant je vous dis !


9) La trilogie du rempart Sud : Annihilation – Autorité – Acceptation – Jeff VanderMeer

2014 – Multivers – Annihilation – Authority – Acceptance (Etats-unis)


Annihilation - Jeff VanderMeer - chronique de lecture les-carnets-dystopiques.fr
Annihilation – J. VanderMeer
La science fiction évolue avec son temps. Avec Annihilation émerge la science fiction naturaliste. La collapsologie traitée sur le mode du multivers.
La trilogie du rempart sud regroupe une suite de trois romans : AnnihilationAutorité et enfin, Acceptation.
Dans Annihilation, on est bel et bien sur notre terre actuelle, mais il existe un endroit apparu subitement, la Zone X, dans laquelle toute trace de technologie semble avoir disparu. Lorsque que la zone est apparue, touts les humains qui se trouvaient là ont disparu aussi.
Une équipe de scientifique est envoyée dans la zone pour tenter de comprendre ce qui se passe. Mais elle est isolée, et rares sont ceux qui savent comment on y pénètre. Personne ne sait vraiment comment on en revient, car ceux qui en reviennent sont… différents, changés, et la plupart meurent rapidement. C’est la douzième expédition, composée de 5 femmes : une biologiste, une anthropologue, une géomètre, une linguiste et une psychologue. Il y a dans cette zone deux sites qui attirent l’attention : le phare, et la tour qui s’enfonce sous terre.
Cycle de notre temps, la trilogie du rempart sud évoque un univers exempt d’humanité, dans une atmosphère inquiétante voire horrifique, entre manipulation mentale et suprématie végétale…


10) Le maître du haut château – Philip K. Dick

1962 – Uchronie – The Man in the High Castle (Etats-unis)


Le maitre du haut chateau - Philip K. Dick - chronique de lecture les-carnets-dystopiques.fr
Le maître du haut château
Le maître du haut château est sans doute LA référence dans le domaine de l’uchronie.
Le roman se déroule aux Etats-Unis dans les années soixante (période ou il a été écrit), dix ans après la « victoire » de l’Allemagne nazie et de l’Empire du japon sur les forces alliées… Philip K. Dick imagine un présent ou l’issue de la guerre est donc inversée. Le thème mérite déjà en soi que l’on s’y attarde, mais l’intérêt du livre est encore bien plus grand. L’auteur génial de ce récit nous emporte dans un questionnement vertigineux : celui de notre « réalité illusoire ».
Un roman à l’intérieur du roman, « Le Poids de la Sauterelle », sert de fil conducteur à l’ensemble. Il s’agit d’un roman subversif, interdit par les nazis, et dont le thème est… le monde alternatif tel qu’il serait si les alliés avaient gagné la guerre face aux nazis ! Sauf que ce monde alternatif imaginaire ne correspond pas à notre monde réel (vous me suivez ?). Et comme si cela ne suffisait pas, un autre livre, bien réel celui-ci, le « Yi King », intervient dans l’histoire et vient déstabiliser le lecteur jusque dans les dernières lignes du livre…
Uchronie dans l’uchronie, vertige et mise en doute de notre perception de la réalité où le réel et l’imaginaire s’entremêlent, voilà ce que parvient à mettre en place Philip K. Dick dans « le maître du haut château ». Tentez donc de ne pas perdre pied !


11) Kallocaïne – Karin Boye

1940 – Dystopie – Kallocain (Suède)

(Oui 11 ! Un liste de 10 livres qui en contient 11 ! Absolument, ne vous laissez pas enfermer dans des cases, sinon notre monde finira en dystopie !)

Kallocaïne, Karin Boye, éditions Hélios
Kallocaïne, Karin Boye, éditions Hélios
Société de surveillance totalitaire, état mondial et esprit de communauté obligatoire… Que se passe t-il lorsque se présente la possibilité de réprimer la dernière liberté qui reste : celle de penser ?
Kallocaïne est une dystopie essentielle, un livre majeur, que l’on soit ou pas amateur de science fiction. C’est finalement la dystopie poussée à son paroxysme. On y voit des hommes, des femmes et des enfants dont les corps sont totalement soumis, convaincus du bien fondé de ce totalitarisme érigé en bienfaiteur de la communauté. mais l’esprit ne peut-il pas demeurer libre malgré tout ? C’est bien là le thème de roman rédigé en 1940, à l’apogée des systèmes dictatoriaux européens.
Pour autant, il ne s’agit pas d’un brûlot politique, mais bien plutôt d’une réflexion profonde inspirée de la réalité du moment. Toute la noirceur des sociétés de contrôle transparait dans ce livre, véritable chef d’oeuvre de la science fiction dystopique.