marți, 4 iulie 2023

 

                                                                 Thomas Mann en 1930

Né avec l'unité allemande, Thomas Mann est l'une des plus grandes figures de la littérature européenne de la première moitié du XXe siècle. Porte-étendard de la germanité, l'écrivain n'aura eu de cesse de promouvoir dans son œuvre une certaine idée de l'Allemagne.


Avec
  • Jean-François Laplénie spécialiste de l'Allemagne et de l'Europe centrale
  • Valérie Robert Maître de conférences en Etudes germaniques à l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Né avec l’unité allemande, baigné dans le climat nationaliste précédant la Grande Guerre, consacré par le Prix Nobel 1929 en pleine crise économique et en pleine montée du nazisme, chaque étape marquante de la vie de Thomas Mann recoupe la grande histoire de son pays. L’auteur de La montagne magique a consacré toute son œuvre à dépeindre une culture qu’il considère comme immuable et éternelle. Une culture qui s’inscrit dans la lignée des grands écrivains romantiques et dont la puissance évocatrice permet à l’Allemagne de surmonter les atrocités génocidaires nazies. En célébrant ces racines séculaires et cette assise culturelle, Thomas Mann s’est à la fois élevé contre le IIIème Reich tout en conservant un lien esthétique et artistique avec le pays qu’il a dû fuir à partir de 1933.

Comment Thomas Mann définit-il la germanité et comment en est-il devenu le porte-étendard ? En tant qu’écrivain à l’apolitisme revendiqué, comment s’est-il situé dans cette période chaotique, notamment face au IIIème Reich ? Quelle Allemagne a-t-il continué à promouvoir et défendre, même une fois exilé en Suisse ou aux Etats-Unis ? Et enfin, quelle place occupe-t-il aujourd’hui dans la culture allemande ?

François Delorme reçoit Jean-François Laplénie maître de conférences en littérature et histoire des idées allemandes à Sorbonne-université et Valérie Robert maîtresse de conférences en études germaniques à la Sorbonne-nouvelle et spécialiste des questions d’exil.

"Les romans de Thomas Mann ont tous l’ambition très moderniste d’être des reflets de la société. Tout au long de son œuvre, il va essayer d’exprimer la complexité de la société allemande et des sociétés européennes. C’est ce qui en fait un grand auteur allemand mais aussi européen" analyse Jean-François Laplénie

"En 1938, lors de son exil aux Etats-Unis, Thomas Mann mobilise son statut d’écrivain de la germanité pour tenter d’appeler les Allemands à la révolte contre le Troisième Reich afin de montrer au monde que l’Allemagne ce n’est pas le nazisme" explique Valérie Robert

Seconde partie : le focus du jour

Thomas et Heinrich Mann, les frères écrivains


                                                         Thomas et Heinrich Mann en 1905

Si la carrière et l'œuvre de Thomas Mann ont été guidées par le souci de célébrer l’Allemagne éternelle, elles répondent aussi à une logique plus intime. L’écrivain de la germanité n’est en effet pas le seul à avoir pris la plume dans sa famille. Certains de ses enfants, dont Klaus et Erika Mann, ont en effet publié des revues et romans. Mais c’est surtout son frère aîné, Heinrich, qui a contribué à forger la carrière de Thomas. Son roman le plus célèbre, Le sujet de l’empereur (Der Untertan), qui s’attache à décrire les bassesses de la bourgeoise allemande de la société d’avant-guerre, a ensuite été porté à l’écran dans un film où apparaît et chante Marlène Dietrich. Si les deux frères ont une sensibilité commune et s’attachent donc à dépeindre l’âme allemande et ses tourments, ils se sont peu à peu opposés en tous points. Deux faces d’une même pièce dont la production littéraire et les orientations politiques entrent en résonance et dessinent les contours du paysage intellectuel allemand de l’époque.

Avec Frédéric Teinturier, maître de conférences, enseignant chercheur à l’université de Lorraine à Metz et spécialiste de la culture allemande du début XXème siècle. 

"Tandis que Thomas Mann cherche à s’inscrire dans une lignée d’écrivains issus de l’Allemagne éternelle, son frère Heinrich se voit comme l’héritier des Lumières françaises. Pour lui, la littérature est un moyen de faire accéder l’Allemagne à la démocratie" observe Frédéric Teinturier

Références sonores 

  • Extrait du Journal de Thomas Mann daté du 15 mars 1933 (« Une Vie, une œuvre » de Jean-Louis Pelissard et réalisé par Jacques Taroni, France Culture, 11 septembre 1991)
  • Katia Mann esquisse en 1974 les relations parfois houleuses entre Thomas et son frère Heinrich (Archive INA, itw par Marcel Brion, 1974)
  • Katia Mann, femme de Thomas Mann, évoque leur exil aux Etats-Unis et leurs relations avec l’intelligentsia américaine (Archive INA, itw par Marcel Brion, 1974)
  • Thomas Mann exprimait en 1949 son attachement à l’idée d’une Allemagne européenne et non une Europe allemande (Archive de la RTF, itw par Pierre Crenesse, 1949)

Références musicales

  • « Arrival » de Domenique Dumont (Label : Leaf)
  • « Ich bin von Kopf bis Fuss aus Liebe eingestellt » de Marlene Dietrich sur la bande-son du film « Lola » réalisé par Josef von Sternberg et sorti en 1930
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