miercuri, 10 februarie 2021

Literatura sud-americana 5 / Mario Vargas Llosa (n. 1936-) / Peru

 






Mario Vargas Llosa

Mario Vargas Llosa

Écrivain possédant la double nationalité péruvienne (d'origine) et espagnole (Arequipa 1936).

Il publie un recueil de nouvelles à Madrid, les Caïds (1958), séjourne à Paris, Londres et Barcelone, puis il rentre au Pérou où il publie des romans qui forment une fresque, à la fois impitoyable et attendrie, parfois bouffonne, de la société péruvienne (la Ville et les Chiens, 1962 ; la Maison verte, 1965 ; Conversation à la cathédrale, 1970 ; Pantaleón et les Visiteuses, 1973). Il a aussi donné la Guerre de la fin du monde (1981), d'inspiration historique, Histoire de Mayta (1984), l'Homme qui parle (1987), Éloge de la marâtre (1988), les Cahiers de don Rigoberto (1997), ainsi que des essais et des pièces de théâtre. Candidat à l'élection présidentielle de 1990, il est battu par Alberto Fujimori. Renouant avec la veine polyphonique, il compose une reconstitution historique du régime dictatorial de Trujillo y Molina (la Fête au bouc, 2000). Le prix Nobel de littérature 2010 lui est décerné « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son œuvre ».

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Vargas Llosa (Mario)

Écrivain péruvien (Arequipa 1936).

Il publie à Madrid un recueil de nouvelles, les Caïds(1958), et réside à Paris, à Londres et à Barcelone avant de regagner le Pérou. Son premier roman, la Ville et les Chiens (1962), qui décrit le monde de violence et d'avilissement d'un collège paramilitaire, lui vaut aussitôt la notoriété. Il publie ensuite la Maison verte (1965), du nom d'une maison close de Piura, les Chiots (1966), un bref récit, et poursuit sa fresque, à la fois impitoyable et attendrie, de la société péruvienne avec Conversation à la cathédrale (1970), évocation des années de dictature du général Odría, Pantaleón et les visiteuses (1973), histoire bouffonne d'un officier modèle converti au proxénétisme, la Tante Julia et le scribouillard (1979), de ton autobiographique, la Guerre de la fin du monde(1981), d'inspiration historique, Histoire de Mayta (1984), Qui a tué Palomiro Molero ? (1986) et Éloge de la marâtre (1988). Il a également abordé la critique littéraire (Gabriel García Márquez, 1971 ; Flaubert et madame Bovary, 1975) et le théâtre (la Demoiselle de Tacna,1981 ; la Chunga, 1986). Candidat malheureux aux élections présidentielles en 1990, il a réuni ses textes politiques et littéraires sous le titre Contre vents et marées (1983 et 1989). Il adopte la nationalité espagnole en 1993.

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Mario Vargas Llosa , premier marquis de Vargas Llosa, né le  à Arequiparégion d'Arequipa, au Pérou, est un écrivain péruvien naturalisé espagnol, auteur de romans et d'essais politiques. Il est notamment lauréat du prix Nobel de littérature 2010 « pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec3 ».

Comme beaucoup d'auteurs hispano-américains, Mario Vargas Llosa s'est engagé en politique tout au long de sa vie. Ses opinions se sont progressivement déplacées du communisme au libéralisme. Il soutient initialement le gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro, mais est rapidement déçu. En 1990, il est candidat à l'élection présidentielle péruvienne à la tête d'une coalition, le Front démocratique (Fredemo), qui perd face à Alberto Fujimori.

Biographie

Thèse de Mario Vargas Llosa Bases para una interpretación de Rubén Darío, pour son université, l'université San Marcos (Pérou), en 1958.

Mario Vargas Llosa est issu de la classe moyenne péruvienne4. Il est le fils unique d'Ernesto Vargas Maldonado et de Dora Llosa Ureta. Ses parents se séparent quelques mois après sa naissance à la suite de la révélation, par son père, d'une liaison avec une femme allemande qui donnera deux demi-frères au jeune Mario : Ernesto et Enrique Vargas5,6. Élevé par sa famille maternelle, Mario Vargas Llosa passe du Pérou à la Bolivie où son grand-père tient une plantation de coton7. Sous le gouvernement de José Luis Bustamante y Rivero, l'aïeul se voit offrir un poste diplomatique à Piura8. Cet épisode marque le retour des Llosa au Pérou. En 1946, à l'âge de 10 ans, Mario part vivre à Lima où il rencontre son père pour la première fois alors qu'il l'avait longtemps cru mort9. Ses parents se remettent ensemble et déménagent à Magdalena del Mar, une banlieue aisée de la capitale10. Il est admis à l'école élémentaire catholique Colegio La Salle11

À l'âge de 14 ans, il est envoyé en internat à l'Académie militaire de Lima par son père qui ne voit pas d'un bon œil sa vocation poétique naissante9. Cet épisode lui laisse un sinistre souvenir et la matière de son livre La Ville et les Chiens8.

Il étudie ensuite la littérature et le droit à l'université San Marcos, une faculté publique9, exerçant en parallèle différentes professions : correcteur littéraire puis collaborateur aux rubriques cinéma de la revue Literatura (1957-1958) et du journal El Comercio8. Durant ses études, il découvre l'œuvre de Jean-Paul Sartre et le marxisme qui le marquent durablement9. Il combat également la dictature militaire du général Manuel Odría9. Pendant une brève période, il s'implique dans une branche étudiante du Parti communiste péruvien qu'il abandonne en protestation de la ligne stalinienne du mouvement sur l'art et la littérature9. La révolution cubaine fait un temps revivre ses espoirs d'une révolution progressiste9.

Grâce à une bourse d'étude, il poursuit son cursus universitaire à l'Université centrale de Madrid où il soutient, en 1958, une thèse de doctorat sur Rubén Darío. Après avoir écrit un recueil de nouvelles remarqué, Les Caïds (Los Jefes, 1959), œuvre qui obtient le Prix Leopoldo Alas, il épouse la belle-sœur de son oncle maternel : sa tante par alliance Julia Urquidi, de dix ans son aînée. Cette relation lui inspire des années plus tard le roman La Tía Julia y el escribidor (La Tante Julia et le scribouillard). En 1964, il se sépare de Julia Urquidi et se remarie avec sa cousine Patricia Llosa, avec qui il aura trois fils et dont il divorcera cinquante ans plus tard en 2015. Depuis 2015, il est en couple avec Isabel Preysler, mère des enfants de Julio Iglesias et trois fois divorcée. Avec sa première épouse, il s'installe à Paris en 1959 dans l'espoir de recevoir une bourse pour reprendre des études, mais sa demande est rejetée12. Le couple reste malgré tout dans la capitale française et Vargas Llosa y travaille en tant que professeur d'espagnol à l'école Berlitz, puis journaliste pour l'Agence France-Presse et la télévision8. Il se passionne pour la littérature du pays, suit avec intérêt la querelle opposant Sartre à Albert Camus et écrit de manière prolifique12,9. Il part ensuite pour Londres et Barcelone où il côtoie les grandes figures de la Gauche divine9. Pendant son séjour en Europe, il se lie d'amitié avec d'autres jeunes auteurs, futurs piliers du boom latino-américain : l'Argentin Julio Cortázar, le Mexicain Carlos Fuentes et le Colombien Gabriel García Márquez9. Il retourne à Lima en 1974 et est élu à l'Académie péruvienne un an plus tard8.

L'écrivain

Essor ("Boom") latino-américain

Avec Julio CortázarCarlos FuentesJuan RulfoGabriel García MárquezJuan Carlos Onetti et José Donoso, Mario Vargas Llosa est considéré comme l'un des grands noms du Boom de la littérature latino-américaine des années 196013,14. À des degrés divers, tous ces auteurs prennent leurs distances avec la narration traditionnelle et revendiquent l'influence des courants littéraires moderniste et postmoderne européens ou nord-américains auxquels ils empruntent des procédés novateurs (détournement des codes fictionnels, multiplicité des points de vue, polyphonie, morcellement de la chronologie, monologue intérieur ou encore flux de conscience sur l'exemple de James Joyce et William Faulkner). Leur style visionnaire, foisonnant et luxuriant a révélé au monde entier la complexité artistique, idéologique et politique du continent sud-américain qu'ils peignent comme une entité pittoresque, morcelée et paradoxale.

Style

Dès la parution de son premier roman, Vargas Llosa devient un écrivain reconnu, régulièrement invité dans les universités du monde entier pour y donner des cours et des conférences. À la fois chroniqueur et pourfendeur de l'Amérique latine, il est considéré par une partie de la critique comme le maître du « bouillonnement romanesque »18. Contrairement à ses collègues du boom, Vargas Llosa s'écarte totalement du réalisme magique en vigueur13,14. Mais ses récits gardent la spécificité latino-américaine de changer régulièrement de voix pour passer du général au particulier en opposition aux littératures européenne et anglo-saxonne qui ont tendance à partir d'un caractère particulier pour dériver vers le général. Le romancier cherche également à rompre avec la veine indigéniste, dominante dans les lettres sud-américaines visant avant tout à atteindre l'universel dans l'écriture.

Techniques et influences

Les ouvrages de Vargas Llosa trahissent l'influence de Faulkner pour les recherches stylistiques et Balzac pour la densité de l'observation psychologique et sociale20. Ils se démarquent par un style polyphonique, une ironie mordante et une tonalité dramatico-bouffonne dans l'évocation des mythes et des aspirations des peuples latino-américains écrasés par les dictatures. Ses récits sont identifiables par une fragmentation de la chronologie et la pluralité de narrateurs14. Par ailleurs, ses personnages sont inséparables du climat et du cadre culturel, historique et géographique dont ils sont issus. L'action de ses romans débute sur une acmé qui installe une atmosphère oppressante, enfermant les protagonistes dans un engrenage implacable21. Par le biais d'une écriture épique, apparemment sans effets, Vargas Llosa retranscrit les mutations brutales d'une civilisation marquée par la violence et le sexe14. Dans ses fictions, les pouvoirs politiques (notamment le caudillisme) apparaissent comme le symbole du pourrissement moral de la société. Au fil de son travail romanesque, Vargas Llosa dessine une cartographie métissée et cosmopolite issue de ses voyages et de ses expériences personnelles22, le Pérou étant néanmoins un invariant thématique dans ses romans.

La Ville et les Chiens

Vargas Llosa rédige La Ville et les Chiens à Paris en 1963, ouvrage qui fait de lui un auteur de renom (prix Biblioteca Breve du roman et prix de la Critique espagnole). Son roman est traduit presque aussitôt dans une vingtaine de langues et se voit salué par la presse étrangère pour son originalité9. Vargas Llosa y juxtapose une tradition romanesque classique à des recherches d'écriture novatrices sur le plan narratif et formel23. Dans cette œuvre, un réalisme folklorique lié au costumbrismo se mêle à des envolées poétiques proches du symbolisme. Le romancier décrit alors la vie menée par les cadets (les chiens) et met en contraste l'oppression de la discipline, la violence et les brimades subies par les jeunes gens avec le vent de liberté qui souffle sur la ville13. L'auteur est vivement critiqué dans son pays pour s'être attaqué à l'institution militaire9. On l'accuse d'être stipendié par l'Équateur pour déstabiliser l'armée péruvienne et cent exemplaires du roman sont brûlés lors d'une cérémonie expiatoire dans la cour du collège militaire de Lima. Cependant, le livre n'est pas interdit à la vente et connaît un grand succès public au Pérou.

Les fresques et romans policiers

Dans La Maison verte (1966), l'auteur évoque, avec un grand souci du détail et un impressionnant souffle narratif, la vie dans la lointaine forêt péruvienne et la zone urbaine de Piura. Il y met en scène une maison close dans laquelle se croisent divers personnages19. Ce roman lui vaut à nouveau le prix de la Critique, puis le prix international de littérature Rómulo Gallegos en 196719. Vargas Llosa y approfondit sa technique expérimentale de « narrations télescopiques » et de « vases communicants », selon ses propres termes, qu'il tire de Faulkner9. Ce procédé consiste à entrecroiser simultanément plusieurs histoires se déroulant en divers lieux et époques9.

Conversation à la Cathédrale (1969), variation kaléidoscopique sur la figure du père et portrait corrosif des dirigeants péruviens emprunte sa structure au roman policier. Comme conteur expérimenté, l'auteur continue d'entrelacer histoires, situations, temporalités, personnages et décors de manière vertigineuse20. Il s'agit de l'ouvrage qui lui a demandé le plus de travail et qu'il indique qu'il choisirait de sauver s'il fallait n'en garder qu'un9.

Pantaléon et les visiteuses (1973) se conçoit comme une satire paillarde, burlesque et subversive du fanatisme militaire et religieux au Pérou24.

La Guerre de la fin du monde (1982), qui traite de la politique brésilienne au xixe siècle et de la guerre de Canudos, rencontre un immense succès critique et public, marquant le sommet de sa carrière de romancier9.

Qui a tué Palomino Molero ? (1986) est un roman policier consacré aux différences sociales et aux violences politiques péruviennes. Dans cette œuvre, Vargas Llosa donne un court « roman policier dans lequel deux flics très pittoresques, le lieutenant de gendarmerie Silva et son aide, le sergent Lituma, mènent l'enquête à la suite de la découverte du cadavre de Palomino Molero, un jeune métis qui effectuait son service militaire. »25, á Talara, Piura (département), au nord du Pérou.

Vargas Llosa a poursuivi dans cette même veine en écrivant des romans policiers ancrés dans la société péruvienne, ses inégalitées économiques et sociales, sa corruption et ses violences, avec Lituma dans les Andes (Lituma en los Andes, 1993), Le héros discret (El héroe discreto, 2013) et Aux cinq rues (Cinco Esquinas, 2016). Ces romans se déroulent pour certains dans la capitale, Lima, et pour d'autres dans des provinces lointaines et pauvres du Pérou, comme Junín ou Piura, et s'inscrivent parfois dans le contexte politique au Pérou, marqué notamment par les violences de l'organisation terroriste d'extrême gauche dite du Sentier lumineux ou le régime autoritaire. Les deux gendarmes ('Guardia Civil'), le lieutenant (puis capitaine) Silva et le caporal (puis sergent, puis lieutenant) Lituma, sont des personnages récurrents de ces romans, tout comme certains des personnages d'une des nouvelles de Les Caïds (1959), de La Maison verte (1966) et de la pièce de théatre La Chunga (1986) qui se déroulent à Piura.

Le registre intimiste et La Fête au bouc

En dehors des grandes fresques, Vargas Llosa s'essaie à un registre intimiste et semi-autobiographique avec La Tante Julia et le Scribouillard (1977) et Éloge de la marâtre (1990). La Fête au bouc (2000), qui évoque les derniers jours du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo, revient à la polyphonie, au genre épico-politique et à la peinture romanesque du pouvoir dans le pur esprit ibéro-américain. En effet, l'ouvrage est caractéristique du roman du dictateur, représenté entre autres par Miguel Ángel Asturias (Monsieur le Président), Augusto Roa Bastos (Moi, le Suprême) et Gabriel García Márquez (L'Automne du patriarche)9Le héros discret (2013) fonde la chronique du Pérou actuel, de sa grande bourgeoisie à ses classes les plus défavorisées, et brosse un portrait au vitriol d'une société gangrenée par la corruption, la pauvreté, les inégalités sociales et la culture de masse26,27.

Essais

Vargas Llosa a également écrit des pièces de théâtre et des essais littéraires comme L'Orgie perpétuelle (1975) et La Tentation de l'impossible (2008), consacrés respectivement à Gustave Flaubert et Victor Hugo. Il a, de plus, publié des mémoires (Contre vents et maréesLe Poisson dans l'eau) et des réflexions politiques sur l'Amérique latine (La Voie de la liberté)28. En 2012, il signe un essai intitulé La civilización del espectáculo dans lequel il fustige la société de divertissement contemporaine et le dépérissement des arts.

Politique et polémiques

Vargas Llosa est d'abord séduit par le communisme et déclare son soutien à la guérilla péruvienne, considérant la lutte armée « seul recours » pour changer les choses au Pérou. Mais la révolution cubaine, qu'il soutient sans réserve au départ, le déçoit à tel point qu'il se convertit directement vers le libéralisme. Le Printemps de Prague en 1968 et ses lectures d'Alexandre SoljenitsyneRaymond Aron et Jean-François Revel le confortent dans son changement radical d'opinion, l'éloignant complètement de l'idéal révolutionnaire9. Dès lors, il ne cesse de critiquer de façon virulente le castrisme ou encore la Révolution sandiniste au Nicaragua. Son positionnement est qualifié d'« ultra libéral » par l'universitaire Serge Audier29. Son parcours intellectuel est influencé par quatre auteurs : Adam SmithKarl PopperFriedrich Hayek et Isaiah Berlin16,30. Il lit également avec avidité les ouvrages d'économie de Milton Friedman et apporte son soutien aux politiques austéritaires de Ronald Reagan et Margaret Thatcher9. Au Pérou, il fonde le mouvement de droite libérale Libertad.

Candidat libéral à l'élection présidentielle péruvienne de 1990, il est sévèrement battu au second tour, malgré l'appui des médias et des élites (sa campagne électorale est la plus chère de l'histoire du Pérou31), par un inconnu d'origine japonaise, Alberto Fujimori contre lequel ses partisans tentent, malgré lui, de monter la population péruvienne en stigmatisant la communauté asiatique32. La force de Fujimori était largement fondée sur le rejet par les électeurs du style aristocratique de Vargas Llosa33. À la suite de cette défaite, il quitte le Pérou pour s'établir en Espagne, à Madrid. Vargas Llosa, qui a demandé et obtenu la nationalité espagnole en 1993 du gouvernement de Felipe González, reconnaît qu'il se sent autant espagnol que péruvien. Cette obtention d'une deuxième nationalité, trois ans seulement après avoir été candidat à l'élection présidentielle de son pays, suscite des réactions très négatives au Pérou34. Ainsi, dans la conférence du  en tant que lauréat du prix Nobel, il déclare : « J’aime l’Espagne autant que le Pérou et ma dette envers elle est aussi grande que l’est ma gratitude. Sans l’Espagne je ne me trouverais pas aujourd’hui à cette tribune »35. Devant l'Académie de Stockholm, il déclare également, à propos de ses positions : « Je déteste toute forme de nationalisme, d’idéologie – ou plutôt de religion – provinciale, aux idées courtes et exclusives, qui rogne l’horizon intellectuel et dissimule en son sein des préjugés ethniques et racistes, car elle transforme en valeur suprême, en privilège moral et ontologique, la circonstance fortuite du lieu de naissance. »9.

Partageant sa vie entre l'Europe et l'Amérique du Sud, il continue de soutenir la politique de rigueur des gouvernements conservateurs occidentaux, notamment de José María Aznar en Espagne et Silvio Berlusconi en Italie9. Il se tourne vers des positions néo-conservatrices sur les questions internationales, justifiant l'invasion de l'Irak en 2003 et le coup d’État militaire en 2009 contre le gouvernement de gauche de Manuel Zelaya au Honduras36.

En 2007, Vargas Llosa est membre fondateur du parti espagnol UPyD (Union, progrès et démocratie) qui s'auto-définit comme progressiste.

En , lors des élections présidentielles péruviennes, il appuie le vote du candidat nationaliste Ollanta Humala, contre la candidate Keiko Fujimori, fille de l'ancien président Alberto Fujimori (condamné pour corruption), son adversaire durant les présidentielles de 1990.

En , son nom, ainsi que celui de son ex-épouse Patricia Llosa Urquidi37, figurent dans les documents du cabinet panaméen Mossack Fonseca dans l'affaire des Panama Papers38.

Dans le cadre des troubles politiques qui suivent le référendum de 2017 sur l'indépendance de la Catalogne, il se positionne contre l'indépendance en prenant la parole à la fin d'une manifestation39. En , il démissionne du PEN club international à la suite de la prise de position de cette organisation d'écrivains en faveur de la remise en liberté immédiate des indépendantistes Jordi Sànchez et Jordi Cuixart40.

En 2017, il s'oppose à la grâce accordée à Alberto Fujimori par le président Pedro Pablo Kuczynski (qui quitte le pouvoir en  pour corruption).

Distinctions

Mario Vargas Llosa est membre de l'Académie royale espagnole. Il a reçu les récompenses les plus prestigieuses de la littérature hispanophone et mondiale, notamment le prix Rómulo Gallegos en 1967, le prix Cervantes en 1994, le prix Jérusalem en 1995 et, en 2005, le Irving Kristol Award de l'American Enterprise Institute. Il prononce alors un discours remarqué, Confessions d'un libéral (Confessions of a Liberal)42.

Vargas Llosa est titulaire de quarante doctorats honoris causa à travers le monde, parmi lesquels celui de l'université nationale majeure de San Marcos (son alma mater), de l'université Rennes 2 Haute Bretagne, de l'université de Reims Champagne-Ardenne depuis le 43 ou encore de l'université de Bordeaux 3 depuis le 44.

Le , il reçoit le prix Nobel de littérature pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées des résistances, révoltes, et défaites des individus. », selon l'explication de l'Académie suédoise3.

La même année, il est titré marquis de Vargas Llosa par le roi d'Espagne, Juan Carlos Ier.

En 2016, il devient le premier auteur de langue étrangère à entrer de son vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Après Milan Kundera et Michel Houellebecq, Vargas Llosa reçoit, le , le grand prix littéraire Château La Tour Carnet, distinction prestigieuse et généreusement dotée, créée par le mécène Bernard Magrez, propriétaire de grands crus.

Le défenseur de la corrida

Grand aficionado, Mario Vargas Llosa a pris la tête d'un mouvement de défense de la corrida qu'il considère comme une culture de masse, et une culture à protéger. Pour cela, il a publié un manifeste dans lequel il déclare :

« Les corridas constituent un spectacle de masse qui ne provoque pas de manifestations de violence ni d’actes de vandalisme et d’agressivité dans et hors des arènes… Elles stimulent aussi des valeurs et des aptitudes humaines comme la bravoure, l’héroïsme, le dépassement de soi, entre beaucoup d’autres48. »

L’écrivain Bryce Echenique, le poète Antonio Cisneros se sont associés à lui. Il a aussi recueilli l'appui d'un nombre de personnalités du monde de la culture qui ont signé ce manifeste, d'un groupe d'intellectuels, d'artistes49. Il a reçu également l'appui du juriste Diego García Sayán50, vice-président de la Cour interaméricaine des droits de l'homme51 lors de ses déclarations au Pérou52. Enfin il ne perd jamais une occasion de rédiger des articles de soutien à la corrida dans plusieurs journaux53,54.

L'amitié brisée avec Gabriel García Márquez

Après avoir fait l'éloge de Cent ans de solitude, qualifié de « grand roman de chevalerie » d'Amérique latine, Vargas Llosa se lie d'amitié avec Gabriel García Márquez lorsqu'il le rencontre à l'aéroport de Caracas le . Les deux auteurs participent alors au 13e congrès international de littérature ibéro-américaine et le Péruvien reçoit le prix Rómulo Gallegos pour La Maison verte, récompense que le Colombien obtient cinq ans plus tard pour Cent ans de solitude55. Toutefois, Vargas Llosa refuse de reverser l'argent de la distinction au régime castriste comme il y est incité alors que García Márquez financera un mouvement révolutionnaire vénézuélien grâce au prix55.

En 1971, Vargas Llosa publie García Márquez : Histoire d’un déicide, livre critique dans lequel il fait part de son admiration pour son aîné55. Les deux complices sont par ailleurs un temps voisins à Barcelone. Cette relation amicale très forte s'achève brutalement le  lorsqu'à la première des Survivants des Andes, García Márquez reçoit un coup de poing en plein visage de la part de Vargas Llosa dans le hall d'un cinéma de Mexico55,56. Les motifs de cette querelle restent flous mais seraient d'ordre privé : soit il s'agirait de la relation difficile, en raison d'infidélités répétées, entre l'écrivain péruvien et sa seconde épouse Patricia Llosa dont García Márquez aurait pris la défense, soit d'une liaison qu'aurait eue l'auteur colombien avec elle55,56. D'autres raisons moins triviales, notamment la divergence de points de vue politiques, sont évoquées55.

Les deux anciens amis, qui ne se reverront plus, refusent de révéler la moindre information sur le sujet56. Durant 35 ans, Vargas Llosa fait interdire toute nouvelle publication de son livre sur García Márquez55. Après la mort de ce dernier en 2014, le Péruvien affirme avoir noué un pacte avec lui pour garder à jamais le silence sur la cause de cette amitié brisée56. Reconnaissant à son ex-complice d'avoir tenu sa promesse jusqu'à la fin, il affirme vouloir en faire autant et laisser les historiens et biographes faire la vérité sur cette affaire56.

Œuvres

Romans et nouvelles

En France, tous les romans ont été réédités chez Gallimard dans les collections de poche Folio ou L'Imaginaire.

Théâtre

  • La huida del Inca, 1952 (pièce non publiée)
  • La señorita de Tacna, 1981
    La Demoiselle de Tacna, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin » no 148, 1983 (ISBN 2-07-025349-X)
  • Kathie y el hipopótamo, 1983
    Kathie et l'Hippopotame, in Kathie et l'Hippopotame, suivi de La Chunga, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin » no 181, 1988 (ISBN 2-07-071261-3)
  • La Chunga, 1986
    Kathie et l'Hippopotame, in Kathie et l'Hippopotame, suivi de La Chunga, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin » no 181, 1988 (ISBN 2-07-071261-3)
  • El loco de los balcones, 1993
    Le Fou des balcons, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin », 1993 (ISBN 2-07-072989-3)
  • Ojos bonitos, cuadros feos, 1996
    Jolis yeux, vilains tableaux, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin », 2000 (ISBN 2-07-075577-0)
  • Odiseo y Penélope, 2007
    Odysseus et Pénélope in Théâtre complet, traduit par Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2011 (ISBN 978-2-07-012681-1)
  • Al pie del Támesis, 2008
    Au pied de la Tamise in Théâtre complet, traduit par Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2011 (ISBN 978-2-07-012681-1)
  • Las mil noches y una noche, 2009
    Les Mille Nuits et une nuit in Théâtre complet, traduit par Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2011 (ISBN 978-2-07-012681-1)
  • Los cuentos de la peste, 2015
    Les Contes de la peste, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Manteau d'Arlequin », 2019 (ISBN 978-2-07-275776-1)

Autobiographie

  • El pez en el agua, 1993
    Le Poisson dans l'eau, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1995 (ISBN 2-07-073748-9)
  • La llamada de la tribu, 2018
    L'Appel de la tribu, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2020 (ISBN 978-2-07-286050-8)

Essais

  • La orgía perpetua: Flaubert y "Madame Bovary", 1975
    L'Orgie perpétuelle : Flaubert et Madame Bovary, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 1978
  • Contra viento y marea, 1983
    Contre vents et marées (première partie), traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 16, 1989 (ISBN 2-07-071734-8)
    Un barbare chez les civilisés (deuxième partie), traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 54, 1993 (ISBN 2-07-074757-3)
  • Diálogo con Vargas Llosa : sobre la vida y la política, 1989 - en collaboration avec Ricardo A. Setti
    Sur la vie et la politique, traduit par Jean Demeys, Paris, Belfond, coll. « Entretiens », 1989 (ISBN 2-7144-2436-8)
  • La verdad de las mentiras : ensayos sobre literatura, 1992
    La Vérité par le mensonge : essais sur la littérature, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Le Messager », 1992 (ISBN 2-07-072458-1) ; édition revue et augmentée, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 85, 2006 (ISBN 2-07-077382-5)
  • Carta de batalla por "Tirant lo Blanc", 1991
    En selle avec "Tirant le Blanc", traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 49, 1996 (ISBN 2-07-074555-4)
  • La utopía arcaica : José María Arguedas y las ficciones del indigenismo, 1996
    L'Utopie archaïque : José Maria Arguedas et les fictions de l'indigénisme, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 1999 (ISBN 2-07-075245-3)
  • Desafíos a la libertad, 1997
    Les Enjeux de la liberté, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 1997 (ISBN 2-07-074556-2)
  • George Grosz et Mario Vargas Llosa, Charenton, Flohic, coll. « Musées secrets » no 9, 1992 (ISBN 2-908958-48-1)
  • Cartas a un joven novelista, 1997
    Lettres à un jeune romancier, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 61, 2000 (ISBN 2-07-075335-2)
  • El lenguaje de la pasión, 2001
    Le Langage de la passion. Chroniques de la fin du siècle, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-076851-1)
  • La vida en movimiento, 2003 - en collaboration avec Alonso Cueto
    La Vie en mouvement : entretiens avec Alonso Cueto, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 2006 (ISBN 2-07-077995-5)
  • La tentación de lo imposible, 2004
    La Tentation de l'impossible. Victor Hugo et 'Les Misérables', traduit par Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 93, 2008 (ISBN 978-2-07-077918-5)
  • Un demi-siècle avec Borges, Paris, L'Hernecoll. « Glose. Essais Philosophie », 2004 (ISBN 2-85197-433-5)
  • Dictionnaire amoureux de l’Amérique latine, Paris, Plon, coll. « Dictionnaire amoureux », 2005 (ISBN 2-259-20258-6)57
  • El viaje a la ficción, ensayo sobre Juan Carlos Onetti , 2008
    Voyage vers la fiction : le monde de Juan Carlos Onetti, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 95, 2009 (ISBN 978-2-07-012599-9)
  • Comment j'ai vaincu ma peur de l'avion, traduit par Anne-Marie Casès, Bertille Hausberg et Albert Bensoussan, Paris, L'Herne, coll. « Carnets », 2009 (ISBN 978-2-85197-888-2)
  • Sables y utopías, 2011
    De sabres et d'utopies : visions d'Amérique latine, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 101, 2011 (ISBN 978-2-07-013145-7)
  • Elogio de la lectura y la ficción, 2011
    Éloge de la lecture et de la fiction, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 2011 (ISBN 978-2-07-013532-5)
  • La civilización del espectáculo, 2012
    La Civilisation du spectacle, traduit par Albert Bensoussan, Paris, Gallimard, 2015 (ISBN 978-2-07-014521-8)
  • Mi trayectoria intelectual, 2014
    My Intellectual Journey. Mon itinéraire intellectuel, Montréal, Institut économique de Montréal, 2014
  • Conversación en Princeton, 2017 - en collaboration avec Rubén Gallo
    L'atelier du roman : conversation à Princeton avec Rubén Gallotraduit par Albert Bensoussan et Daniel Lefort, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 117, 2019 (ISBN 978-2-07-279420-9)













































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