"Lasati-l in pace pe omul acesta cu capul in nori." (Stalin)
Pasternak in anii '30
Citat din:
Simon Sebag Montefiore, Stalin
Curtea Tarului rosu, Polirom, 2014, p.197.
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Scriitorul Ilya Ehrenburg s-a
intalnit cu Pasternak pe strada: :”Dadea
din maini, stand in mijlocul troienelor: “Daca i-ar spune cineva lui Stalin
chestia asta” (referire la arestarile din timpul Marii Terori, n.n.)
Regizorul de teatru Meierhold* i-a spus lui Ehrenburg: “Ii ascund lucrurile astea lui Stalin.”
(Citatul este din Ilya Ehrenburg, Oameni ani, viata)
*Vsevolod Meierhold, arestat,
torturat si executat la ordinul lui Stalin, pe 2 februarie 1940.
Ilya Ehrenburg - Oameni, ani, viata (6 volume)
Editura pentru Literatura Universala
Colectia: Meridiane
An aparitie: 1972
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Пастернаку, как одному из руководителей Союза писателей, вручается портрет Сталина. 1934 г.
(Pasternak, in calitate de membru al conducerii Uniunii Scriitorilor, ia in primire un tablou reprezentandu-l pe Stalin. Anul 1934)
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Pasternak si Stalin (materiale in vrac)
Michel Aucouturier,
Pasternak en France (fragments)
Dans Cahiers du monde russe 2018/1 (Vol. 59), pages 189 à
198
Mais
revenons un peu en arrière, sur ce qui a précédé cette découverte. Pasternak
n’était pas totalement un inconnu en France. Dès 1924, deux poèmes de lui
avaient été traduits par Hélène Izvolsky, la fille du dernier ambassadeur de
l’Empire russe à Paris avant la révolution. Hélène Izvolsky traduisait,
collaborait à des publications françaises et avait traduit ces deux poèmes qui
avaient été publiés dans la revue de Valéry, Commerce,
revue très prestigieuse. Ils avaient attiré l’attention de Rilke, qui l’avait
fait savoir à Boris Pasternak lui‑même par l’intermédiaire de son père, Leonid
Pasternak, que Rilke avait connu au cours de ses voyages en Russie. Cette
nouvelle transmise par Leonid Pasternak à son fils Boris, que Rilke connaissait
son œuvre, avait été pour lui une sorte de miracle auquel il ne s’attendait
pas.
6Pasternak
avait ainsi été traduit dès 1924 et, en 1935, il était venu à Paris.
Je reviens un instant à ce que disait M. Boris Frezenskij ce matin, je
n’entrerai pas dans le détail, mais il a éclairé un peu la situation dans
laquelle Pasternak est venu à Paris à ce moment‑là. Il est venu à ce congrès
des intellectuels pour la défense des libertés, qui a été réuni sous prétexte
de créer une alliance contre la montée du fascisme et du nazisme entre les
écrivains et intellectuels de la gauche occidentale et les écrivains
soviétiques, représentés à ce moment‑là d’une façon très monopolistique par
l’Union des écrivains soviétiques.
7Les
intellectuels français étaient représentés essentiellement par André Malraux,
mais également par André Gide ; les écrivains soviétiques par Il´ja
Erenburg qui, à ce moment‑là, habitait Paris et qui avait été, comme on a pu le
comprendre ce matin, pratiquement mandaté par Stalin pour faire de ce congrès
des écrivains une espèce de réalisation de l’Union des écrivains soviétiques à
l’échelle européenne ou mondiale, c’est‑à‑dire d’organisation de substitution à
l’ancienne association des écrivains prolétariens, mais beaucoup plus large, de
façon à attirer des gens qui ne soient pas seulement des communistes, comme
c’était le cas de l’association des écrivains prolétariens.
8À
l’origine, Pasternak ne faisait pas partie de la délégation officielle
de l’Union des écrivains soviétiques. Sa venue répondait à la demande des
organisateurs français, notamment de Malraux qui l’avait vu déjà en URSS et qui
avait été séduit, de même que Gide d’ailleurs, par sa personnalité. Les
organisateurs français ont insisté pour que Pasternak vienne. Il est venu par
décision du Comité Central, pratiquement sur ordre de Stalin, à un
moment où il ne souhaitait pas du tout aller à Paris. Il vivait depuis un
certain temps dans une très profonde dépression nerveuse, mais on l’a tout de
même obligé à aller à Paris. Et, curieusement, il a été accueilli par une
véritable ovation. Voici ce qu’écrit Louis Guilloux dans ses souvenirs sur ce
congrès de Paris, sur l’arrivée de Pasternak et son entrée au terme de ce
congrès, car il est arrivé en retard : « Quand il est apparu, très
beau, l’ange est arrivé, oui. La salle se lève. Je n’ai jamais entendu une
ovation aussi prolongée, aussi enthousiaste ». Malraux l’a présenté
comme l’un des grands poètes de notre époque. Certes, on peut être surpris d’un
accueil aussi enthousiaste d’un poète dont, à l’époque, en France,
on ne connaît rien à part les deux traductions d’Hélène Izvolsky et
quelques traductions de poèmes. On ne le connaissait absolument pas. Cette
popularité extraordinaire dans ce milieu restreint des intellectuels de gauche
est le reflet de sa réputation en URSS.
9En URSS, en
effet, jusqu’en 1936, Pasternak a une réputation très ambivalente. Pratiquement
tous les articles critiques, un peu longs, un peu détaillés, dénoncent son
individualisme petit‑bourgeois, — c’est une façon en langage marxiste de
désigner l’inspiration lyrique — alors qu’on s’aperçoit, quand on lit un peu
les échos, la correspondance des écrivains, qu’il est au contraire
extrêmement populaire et dans l’élite et parmi les écrivains. Il est
considéré généralement comme le plus grand écrivain russe vivant. Ceci,
d’ailleurs, est reflété par le discours de Buharin lui‑même, Buharin qui est
intervenu en 1934, l’année précédente, au Premier Congrès des écrivains
soviétiques en tant que représentant du parti, Buharin qui a aussi, dans son
discours, fait une ou deux remarques sur le contenu petit‑bourgeois de son
œuvre, mais qui, néanmoins, l’a salué comme le grand poète de la Russie
de l’époque. Il peut être légitime de penser que c’est cette espèce de
réputation de poète qui s’est transposée à Paris.
10Cela dit,
aussitôt après, en 1936‑1937, la situation a changé brutalement. Au début de
1936, il y a eu le fameux article de la Pravda « Sumbur
vmesto muzyki », du galimatias ou du fatras au lieu de musique, qui
était un article anonyme, mais où on pouvait tout de même assez facilement
reconnaître la main de Stalin lui‑même. Peut‑être avec des corrections de
Ždanov, mais c’était quand même un article d’inspiration officielle tout à
fait manifeste, qui marquait au fond la reconnaissance par l’État de
l’esthétique du réalisme socialiste, qui était par cet article‑là prise sous le
bonnet de l’État soviétique et en particulier de Stalin. Il y a eu à
ce moment‑là un certain nombre de réunions publiques qui ont été
convoquées pour discuter cet article, voir comment il pouvait s’appliquer à la
littérature, aux arts contemporains.
11Dans une de
ses lettres personnelles, Pasternak dit avoir eu la bêtise d’aller à l’une de
ces réunions, de critiquer très naïvement ces dispositions, sans se rendre
compte probablement que ce n’étaient pas des fonctionnaires — il parlait à ce
moment‑là de fonctionnaires aux mains maladroites à force d’indifférence… qui
intervenaient dans les affaires de la littérature ; il ne se rendait pas
compte que ces fonctionnaires aux mains maladroites, c’était Stalin lui‑même.
Ça a été un premier accroc dans sa réputation de grand poète. Puis, en 1936, il
a refusé de s’associer à la campagne officielle déclenchée contre Gide à la
suite de la publication de son livre. On est allé le chercher pour récolter sa
signature, il a refusé de signer. De la même façon, il a refusé en 1937‑1938 de
s’associer à toutes sortes de lettres collectives ou de pétitions écrites pour
appeler au châtiment des ennemis du peuple à l’occasion des Grands Procès de
Moscou, à l’occasion aussi du procès du maréchal Tuhačevskij, qui a été arrêté
et condamné à mort, à huis clos, en quelques jours. On demandait des signatures
de toutes les personnalités un peu prestigieuses de l’URSS et notamment celle
de Pasternak. On est allé la chercher chez lui à Peredelkino. Il a refusé
obstinément de la donner, ce qui n’a pas empêché, a raconté sa femme, qu’elle
soit insérée dans le texte imprimé de la pétition dans la Pravda. Il a eu beau protester par la
suite, ses protestations n’avaient aucun poids et il n’avait aucun moyen de
protester officiellement. Il a ainsi refusé de se joindre à toute une série de
signatures et sa position du point de vue de l’institution officielle s’est
évidemment détériorée très brusquement. Il a quand même échappé aux répressions
qui se sont abattues pendant ces années‑là, notamment sur ses plus proches
amis, les poètes géorgiens Paolo Iašvili et Ticjan Tabidze, qui étaient devenus
depuis 1935 des amis très proches, Babel´, Pil´njak qui étaient eux aussi des
amis très proches, puis Meyerhold. Tous ceux‑là ont été arrêtés et exécutés.
Lui a échappé à ces exécutions. Il a échappé au pire, mais il a disparu
totalement du discours public en URSS, ses œuvres ont disparu des librairies et
des bibliothèques, son nom n’est pratiquement plus jamais cité dans la presse
et l’étudiant en lettres moyen l’ignore. On le connaît encore quand même comme
traducteur de Shakespeare. Ses traductions de Shakespeare continuent à être
publiées, à être jouées. Pour un étudiant soviétique en 1954, son nom évoque un
grand traducteur, uniquement un grand traducteur, pas un grand poète. Cette
situation, cette espèce de silence total de la presse et de la critique, s’est
reflétée en Occident, où l’on a aussi cessé totalement de parler de lui.
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Trotski qui détestait Staline,
le décrivait comme la « plus éminente médiocrité du Parti »
La synthèse récente de Simon
Sebag Montefiore, décrit Staline comme étant, en réalité, un autodidacte
passionné et un dévoreur de livres. Sa bibliothèque comportait 20 000 volumes
dont beaucoup soigneusement annotés et fichés. Il possédait tous les ouvrages
de référence du marxisme, mais aussi toutes les œuvres de ses ennemis tels
Trotski ou Souvarine. Il connaissait tous les grands classiques géorgiens,
russes et européens, appréciait le ballet et la musique, allant revoir une
vingtaine de fois incognito Le Lac des Cygnes. Tel jadis le tsar Nicolas Ier
censurant en personne Alexandre Pouchkine, il lisait lui-même de nombreux
manuscrits de poètes et romanciers, et visionnait pratiquement tous les films
(il raffolait des westerns et des films policiers américains et était un
admirateur de Spencer Tracy et Clark Gable) qui sortaient en URSS. S'il fit éliminer sans
états d'âme tous les écrivains qui avaient un jour pu le critiquer (Boris
Pilniak, Ossip Mandelstam, Isaac Babel, etc.) il laissa vivre Mikhaïl Boulgakov, ou Boris Pasternak qu'il jugeait
un « doux rêveur » inoffensif, et se limita à brimer Anna Akhmatova.
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Staline et Pasternak
En
1936, Pasternak publie deux poèmes à la gloire de Staline. La Grande Terreur
qui suit, et qui s’abat sur plusieurs écrivains, le fait déchanter. Quand le
poète Osip Mandelstam mourra de faim et de froid au goulag, en 1938, Pasternak
sera le seul courageux à consoler la femme de l’écrivain.
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Au début de 1936, il publie encore dans les Izvestia, à la demande de leur rédacteur en chef Boukharine, un poème célébrant sans le nommer Staline, désigné comme le "génie de l'acte". Cependant, au cours de la même année, ses interventions publiques critiquant la campagne officielle contre le "formalisme" (c'est-à-dire contre l'art moderne) et son refus de s'associer à une protestation collective contre le Retour d'URSS de Gide (qu'il a sans doute mis en garde contre la propagande officielle) font scandale et le rendent suspect. Il cesse progressivement toute activité publique et se retire dans la datcha de Peredelkino, aux environs de Moscou, mise à sa disposition par l'Union des écrivains.
L'arrestation et le procès de Boukharine (1938) dissipent ses illusions sur Staline et en font désormais un opposant silencieux. Cette situation condamne le projet de roman qu'il a conçu dès 1932 comme un bilan de son expérience historique, et qu'il doit abandonner à la veille de la guerre après en avoir publié quelques fragments. Seule la traduction, désormais, pourra assurer sa subsistance.
(Les mots de Pasternak par Dominique Autrand)
En 1922, il est amoureux,
l’époque s’annonce grandiose : avec Ma sœur la vie, son talent lyrique explose
et on l’adule. Les lendemains vont vite déchanter après l’arrivée au pouvoir de
Joseph Staline. Mais, curieusement, Pasternak traversera sans trop de dommages
les années 1930 et la guerre.
Certains purent lui reprocher une
attitude louvoyante : il est vrai que, pour lui, l’art demeura jusqu’au bout la
valeur suprême, digne que l’on acceptât un degré de compromission tolérable
pour la conscience. Bykov, pour rendre compte de ce parcours ambigu, en appelle
à la vitalité exceptionnelle de Pasternak et à ses capacités de régénérescence
hors du commun, à ce qu’Anna Akhmatova, poétesse majeure, appelait son « don de
l’éternelle enfance ». Mais Pasternak aurait aussi témoigné d’une sorte d’«
aptitude à la perte », d’une « capacité à en tirer des forces et des
significations nouvelles ». Comme si les épreuves, voire la catastrophe, comprise
comme le fond occulte de la vie, en révélaient l’essentiel, donnaient accès à
la vraie grandeur du vécu et à la beauté du monde, que le poète a pour vocation
de célébrer.
Son écriture s’accommodera assez
bien de la consigne du retour au réalisme ; il évitera les attaques directes
contre Staline, et les purges l’épargneront. Il ne connaîtra pas le destin
tragique de ses pairs et amis, engagés plus frontalement : Vladimir Maïakovski,
qui mit fin à ses jours en 1930 ; Marina Tsvetaïeva, avec qui il entretient
douze ans durant une correspondance, qui se suicida en 1941 ; Ossip Mandelstam,
mort de froid et d’épuisement aux portes de la Kolyma en 1938 ; ou encore Isaac
Babel, l’auteur, peu porté sur les « héros positifs », de Cavalerie rouge,
fusillé en 1940, et dont la publication récente des œuvres complètes en
français confirme quel formidable chroniqueur il fut de son siècle cruel (2).
Comme Alexandre Pouchkine face à
Nicolas Ier, explique Bykov, Pasternak endossera face à Staline le rôle du «
premier poète », celui qui, sous un régime autoritaire, « s’oppose au pouvoir
», mais « que le pouvoir s’adjuge et qui lui fait équilibre ». En 1934, quand
Mandelstam est arrêté pour avoir écrit une virulente épigramme contre Staline,
« L’Ogre ossète », Pasternak, lui, est admis dans la toute nouvelle Union des
écrivains, rassemblant tous ceux qui « souhaitent participer à l’édification
socialiste », à qui elle donne le statut d’écrivains de métier ; il sera membre
de la direction et y restera jusqu’en 1945. Même plus tard, alors que ses vers
ne sont pas publiés, qu’il vit difficilement de traductions dans sa retraite
austère de Peredelkino et qu’il cherche à secourir ses amis persécutés, Staline
reste comme retenu par une sorte de terreur sacrée devant la figure que
Pasternak lui semble incarner.
(Les mots de Pasternak par
Dominique Autrand)
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Czerny Boris. Trois écrivains du destin soviétique : Isaak Babel´,
Vasilij Grossman, Boris Pasternak. In: Revue des études slaves, tome
83, fascicule 4, 2012
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