Cristina Chevereșan, Mansardă la Veneția Nouă săptămâni în lagună, Cu fotografiile autoarei, Colecție: Memorii/Jurnale/Biografii, Humanitas, 2021
„Dacă s-ar aduna la un loc toate cărţile dedicate Veneţiei, ele ar ocupa, probabil, o bibliotecă întreagă. Şi totuşi, an după an, continuă să apară pagini din care iradiază, inepuizabilă, splendoarea sa misterioasă. Iar cei care scriu sau citesc despre ea nu dau semne de oboseală sau de teamă că s-ar putea repeta ceva, şi aceasta din simplul motiv că fiecare depune mărturie despre o singură, o unică Veneţie: a lui însuşi. Această Veneţie interioară e o incredibilă hârtie de turnesol pentru sensibilitatea şi talentul unui călător care vrea să povesteascădespre întâlnirea lui cu laguna. Aşa ceva se întâmplă şi în Mansardă la Veneția, jurnalul unei tinere universitare din România, ajunsă la Ca’ Foscari în vara lui 2019 pentru două luni de studiu. Cristina Chevereşan îşi face datoria la universitatea veneţiană, dar are şi răgazul să vadă, să simtă, să înţeleagă tot ce se întâmplă în jur, altfel decât un turist. Jurnalul său ne dezvăluie o Veneţie mai puţin obişnuită, încântătoare, mustind de poveşti, melancolică şi fremătând de viaţă, amurg şi, deopotrivă, început de lume. O Veneţie a Cristinei Chevereşan, şi numai a ei.“ — ADRIANA BABEŢI
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Manuscrisul din mansarda venețiană s-a conturat de la sine, de-a lungul unei șederi bogate în culoare locală și incursiuni dincolo de fațade și parade arhicunoscute și îndelung studiate. Rezultatul e un jurnal candid, fără pretenții pedagogice, de exhaustivitate sau erudiție: dimineți și după-amiezi de grație, scufundate în luciul discret și tainele lagunei unice, sau învăluite de jocul de lumini și umbre de pe terasa suspendată printre acoperișuri de palate și turle de biserici. Nu pornisem cu vreun obiectiv anume. Nici pe departe cu bănuiala că ar fi posibil să scriu o carte. Realitatea în desfășurare, cu straturi, volute, uimiri și senzații, s-a așternut pe mai multe pagini decât anticipam. Recitind în vremuri de carantină, am resimțit acut nostalgia unei perioade copleșite de daruri inefabile.
DESPRE CRISTINA CHEVEREȘAN
CRISTINA CHEVEREȘAN este conferențiar doctor abilitat la Universitatea de Vest din Timișoara, unde predă cursuri de literatură, cultură și civilizație americană. Director al masteratului de Studii Americane, alumn și ambasador Fulbright, a fost visiting professor la Universitatea Ca’ Foscari din Veneția în 2019. A participat la cursuri de specializare la instituții prestigioase din străinătate precum Cornell University (School of Criticism and Theory), University College Dublin sau Salzburg Global Seminar. Seria de burse câștigate a culminat cu un stagiu de cercetare Fulbright Senior la Harvard University. A publicat opt cărți în limbile română și engleză și numeroase articole, recenzii și interviuri în reviste naționale și internaționale.
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Canaletto, L’ingresso al Canal-Grande con la Dogana e la Chiesa della salute, 1730
JAN MORRIS,Venetia, Editura: Polirom, Colecția: Hexagon, 2016
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LES ÉCRIVAINS À VENISE
Hemingway y a connu son dernier grand amour… Aragon suivi une maîtresse et tenté de mettre fin à ses jours… sans parler des amants de Venise, Georges Sand et Musset qui séjournèrent au Danieli qui vit aussi passer Balzac… La Sérénissime serait-elle la ville des écrivains ?
De ses voyages en Italie, et même s’il s’est plus attardé sur Florence, Naples ou Rome, Stendhal a aussi porté un regard sur Venise et fréquenté le salon littéraire de la Comtesse Albrizzi.
Dans Albertine disparue Proust décrit une Venise qui, par certains aspects, lui rappelle Combray.
Chateaubriand sera aussi influencé par ses voyages à Venise dont il fait la description dans Les Mémoires d’Outre-Tombe : ‘Que ne puis-je m’enfermer dans cette ville en harmonie avec ma destinée, dans cette ville des poètes, où Dante, Pétrarque, Byron passèrent !’
Si Venise a souvent inspiré les écrivains, elle suscite aussi des sentiments controversés.
Au XVIème siècle, Montaigne, après un séjour d’une semaine à Venise, en dresse un tableau peu élogieux, mais peut-être était-ce le fait de son état de santé. (cf. site www.e-venise.com).
En 1818, Shopenhauer connait à Venise une crise de jalousie lorsque, croisant Byron, sa dulcinée, la belle Teresa, s’exclame ‘Ecco ! il poeta inglese !’. Il écrira ‘Je décidai alors de ne pas remettre à Byron cette lettre de Goethe, tant j’avais peur d’être cocu. Je le regrette.’
On ne saurait bien sûr évoquer Venise sans citer Casanova, vénitien du XVIIIème siècle, connu pour ses Mémoires mais surtout pour ses amours et son libertinage.
Venise inspire les écrivains et Venise inspire l’amour …
Ainsi, la nouvelle de Thomas Mann, La Mort à Venise, où il y est question de l’amour interdit ou encore la pièce de Shakespeare, Le Marchand de Venise qui fait triompher l’amour.
Henry James a quant à lui dépeint des personnages en proie à la passion (Les Ailes de la Colombe, Les papiers d’Aspern).
Rilke, qui fit de nombreux séjours à Venise y trouva source d’inspiration pour plusieurs poèmes et ses Lettres à une amie vénitienne (1941) traduisent l’amour qu’il eut pour une belle vénitienne.
Les plus beaux poèmes étant sans doute ceux d’Henri de Régnier, poète et écrivain, homme sensible qui laissera de très beaux textes sur la ville, comme L’Altana ou la Vie vénitienne.
Parmi nos contemporains, Philippe Sollers ou Jean d’Ormesson sont des amoureux de Venise. Pour le premier, auteur du Dictionnaire amoureux de Venise, l’effet produit par Venise sur un individu dépend de sa disposition intérieure et de son rapport à l’amour. Il raconte à ce propos que Sartre y aurait eu une hallucination dans laquelle il voyait une langouste le suivre dans la rue… selon Sollers, le philosophe était disloqué à Venise.
Dans le reportage ' Venise vue par Jean d’Ormesson' l’écrivain explique que ‘c’est la plus prodigieuse machine à faire rêver qui soit jamais sortie de l’imagination des hommes […] le Grand Canal a fait rêver tant d’écrivains et tant d’amoureux’. http://https://vimeo.com/28927924
Nedim Gürsel, en plus d’avoir rappelé les aventures d’écrivains célèbres dans son livres Les écrivains et leurs villes, a lui aussi choisi pour cadre Venise en écrivant Les Turbans de Venise (2001) où se joue la rencontre amoureuse entre un historien d’art et une bibliothécaire.
Et, plus récemment, Lauren Elkin, écrivain new-yorkaise vivant à Paris, a écrit Une année à Venise (2012), l’histoire d’une jeune femme qui va passer un an à Venise pour sa thèse et pour se trouver aussi.
La Sérénissime ne saurait donc en finir avec les écrivains…
CDG
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Venise dans la littérature française du xxe siècle
Xavier TABEThttps://journals.openedition.org/laboratoireitalien/855
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Hôtel Danieli
Elle les a inspirés presque tous, les poètes et les écrivains, venus des quatre coins du monde pour que leurs mots disent à leur tour ce que cette muse unique au monde ne pouvait manquer de leur dicter. La littérature vénitienne commença, il y a plus de sept siècles, dans une geôle génoise : c'est là qu'en 1295 Messire Marco POLO, citoyen de Venise, croupit en attendant sa libération et trompe son ennui en couchant par écrit le récit de son épopée en Orient qui le mena jusqu'à la cour du grand Khan, empereur des Mongols. C'est ainsi que naît " Le livre des merveilles ". Depuis lors, les écrivains vont se suivre sans se ressembler, fascinés par la cité et les mystères qu'ils y devinent. On pourrait presque - parodiant le titre d'un récent ouvrage - écrire "Venise ou la tentation de l'écriture". Chacun d'eux aura sa propre vision de la Sérénissime. Ainsi DANTE, fasciné par celle infernale de l'Arsenal, PETRARQUE séduit par les institutions et la beauté de la cité des eaux, un mirage qui tient ses promesses, COMMYNES ébloui par le Grand Canal et ses palais qu'il décrivait : " la plus belle rue que je crois qui soit en tout le monde, et la mieux maisonnée ". Il est vrai que le mirage vénitien a de quoi enflammer l'imagination. Peu de temps après lui, MONTAIGNE sera saisi par le spectacle de la place Saint-Marc, l'ARETIN qui, arrivé à Venise en 1527 et tient son nom de sa ville natale Arezzo - y rédigera et y fera imprimer " Le maréchal " et "La courtisane" qui figurent parmi les comédies les plus réussies du XVIe siècle. L'ARETIN sut, en effet, utiliser de manière vivante la langue dite " vulgaire" et la mettre au service d'une indéniable liberté de pensée et d'action. C'est à partir de cette époque que Venise devient un centre important de l'édition du livre, ne comptant pas moins de plusieurs centaines d'éditeurs auxquels, désormais, une foule d'auteurs vont proposer leurs manuscrits.
Mais c'est plus précisément le théâtre qui passionne les Vénitiens. Il y a pléthore de spectacles et presque tous sont des produits du cru. Son plus illustre représentant sera Carlo GOLDONI, auteur prolifique, qui introduit dans la tradition populaire son sens aigu de l'observation et ses personnages hauts en couleurs, comme son " Arlequin, valet de deux maîtres " qui peut être considéré comme l'exemple type du divertissement vénitien de l'époque. Un autre orfèvre en la matière sera Giacomo CASANOVA ( 1725 - 1798 ) qui, entre deux rendez-vous galants, trouvait le temps de rédiger d'intéressantes mémoires, tandis que GOETHE viendra y rêver un moment mais préférera Rome à la Sérénissime et que SHAKESPEARE y mettra en scène son Othello et Le marchand de Venise.
L'ère du libertinage achevée, c'est une Venise tout différente, passée aux mains des Autrichiens après le traité de Campoformio ( 1797 ) que les romantiques vont découvrir. La cité des merveilles est à l'abandon, les splendeurs des siècles précédents sont oubliées, les lampions de la fête permanente éteints, Venise est exsangue. Mais cette cité funèbre n'en reste pas moins attirante. CHATEAUBRIAND y vient en 1806 et écrit : " que ne puis-je m'enfermer dans cette ville en harmonie avec ma destinée, dans cette ville des poètes, où Dante, Pétrarque passèrent ". Lord BYRON, qui y séjourna plusieurs années et y mènera une existence fort tapageuse, fera passer dans son oeuvre, principalement dans Childe Harold et Beppo, la noire et magnétique poésie de la cité lagunaire. Les Anglo-Saxons, qui se plaisent, lors de leur voyage d'études artistiques, à faire halte à Venise, seront nombreux à la décrire. Ce sera le cas d'Elisabeth et Robert BROWNING, de Charles DICKENS et, plus particulièrement, de l'historien d'art John RUSKIN qui, le premier, dans Les pierres de Venise, disserte longuement sur l'architecture gothique de la ville. Madame de STAEL trouve Venise éblouissante, George SAND, qui y vit des amours tumultueuses avec Alfred de MUSSET à l'hôtel Danieli, nous plonge dans la douceur des clairs de lune sur le Grand Canal, comme le fera Théophile GAUTIER. TAINE et STENDHAL, ainsi que les frères GONCOURT, ne seront pas en reste pour écrire des pages élogieuses sur les incomparables beautés de Venise et de sa lagune, alors même que Henry JAMES avec Les carnets d'Asper Jorn et Les ailes de la colombe l'élève au rang de mythe littéraire. Quant à Gabriele d'ANNUNZIO, il lui consacrera quelques-unes de ses plus belles pages.
D'autres verront la mort s'y profiler. C'est BALZAC qui, en 1837, écrit : " cette pauvre ville qui craque de tous côtés et qui s'enfonce d'heure en heure dans la tombe ". Ce thème de l'inévitable disparition sera repris par BARRES et ZOLA, ce dernier notant que ce qui a fait sa force, son isolement au milieu des flots, fera demain sa faiblesse et sa mort. Et nous en venons à La mort à Venise, titre du roman de Thomas MANN, celui qui communique au plus haut point ce sentiment de lente désagrégation. La quête funèbre de Gustav von Aschenbach illustre un des aspects de Venise les plus sombres et les plus désenchantés.
Plus proches de nous, à l'aube du XXe sicle, on croise dans les calli le souvenir de Marcel PROUST dont j'ai déjà parlé ( voir mon article : Proust à Venise ), Henri de REGNIER ( L'Altana ou la vie vénitienne ), André SUARES ( Voyage du condottiere ) Ezra POUND ( Cantos ), Ernest HEMINGWAY ( Au-delà du fleuve sous les arbres ) qui aimait séjourner dans l'île de Torcello ou consommer un montgomery ( cocktail à base de martini ) au Harry'bar au bord du Grand Canal. Il y a d'autre part, parmi les célébrités, James HADLEY CHASE ( Eva ), Daphné du MAURIER ( Ne vous retournez pas ), Paul MORAND, l'homme pressé qui ne dédaignait pas de s'y attarder ( Venises ), Marcel SCHNEIDER ( La fin du Carnaval ), Hugo PRATT ( Fable de Venise ), Frédéric VITOUX ( Charles et Camille ), André Pieyre de MANDIARGUES et Philippe SOLLERS, sans oublier Jean d'ORMESSON et La douane de mer, qui ne passe pas une année, je crois, sans aller y ressourcer son imaginaire. La belle ne manque pas d'admirateurs, elle que certains ont vu pareille à un vaisseau à demi englouti dans les eaux, d'autres comme une inépuisable et impérissable inspiratrice à laquelle ils ne cessent de rendre vie et jeunesse par la grâce et la ferveur de leurs mots.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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